Ecole Doctorale

Sciences Economiques et de Gestion d' Aix - Marseille

Spécialité

Sciences Economiques - Aix-Marseille

Etablissement

Aix-Marseille Université

Mots Clés

Macréconomie,Santé,Histoire de la pensée économique,

Keywords

Macroeconomics,Health,History of economic thought,

Titre de thèse

Temps de travail et santé: essais théoriques et réflexions sur l’histoire de la pensée économique
Labor supply and health: theoretical essays and reflections on the history of economic thought

Date

Lundi 9 Décembre 2019 à 14:00

Adresse

Îlot Bernard Dubois, 5 Boulevard Maurice Bourdet, 13001 Marseille Amphithéâtre

Jury

Directeur de these M. Alain TRANNOY Aix-Marseille Université, Aix-Marseille School of Economics, EHESS
Rapporteur M. Luca PENSIEROSO Université Catholique de Louvain
Rapporteur M. Gregory PONTHIèRE Université Paris Est
Examinateur M. Goulven RUBIN Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Examinateur Mme Cecilia GARCIA-PENALOSA Aix-Marseille Université, Aix-Marseille School of Economics, CNRS

Résumé de la thèse

Cette thèse comporte une série d’essais théoriques sur l’étude macroéconomique de la santé, et offre également une réflexion sur l’histoire récente de la pensée économique. Le premier chapitre est une enquête sur les différences contemporaines d’espérance de vie et de dépenses de santé entre les Etats-Unis et l’Europe Occidentale. La question posée est celle du ‘Puzzle Américain” — le fait que la santé américaine traine derrière celle de l’Europe malgré une part du PIB consacrée aux dépenses de santé plus importante. S’appuyant sur de nombreuses études venant de diverses disciplines scientifiques documentant un potentiel effet délétère de longues heures de travail sur la santé, ce chapitre explique le puzzle par des différences d’offre de travail entre les Etats-Unis et l’Europe. La part des resources totales dédiée à la santé augmente avec le nombre d’heures travaillées, mais la relation entre la santé et l’offre de travail n’est pas monotone. Confrontant le modèle aux données empiriques, il est soutenu qu’une réduction du temps de travail aux Etats-Unis pourrait améliorer l’espérance de vie des travailleurs, tout en réduisant les dépenses de santé. Le second chapitre prend une perspective plus historique et étudie le déclin du niveau moyen de qualification de la population durant la Révolution Industrielle en Angleterre, un épisode de ‘deskilling’ qui se produisit alors que l’espérance de vie des travailleurs stagnaient malgré la croissance économique. Ces caractéristiques du développement sont reproduites dans un modèle de croissance unifiée où le niveau de qualification de la main d’oeuvre influence la direction du progrès technique, et les investissements en santé publique sont le résultats de la classe capitaliste dominante maximisant son profit. Le timing de tels investissements s’avère crucial pour générer une transition vers un progrès technique biaisé vers les travailleurs qualifiés, autorisant ainsi l’économie à décoller vers un régime de croissance soutenue. L’objectif plus large de ce chapitre est de remettre des considérations d’économie politique au coeur de l’étude de la croissance de long-terme. Enfin, le troisième chapitre revient sur plus de trente ans de controverse autour de la valeur de l’élasticité de l’offre de travail agrégée, un paramètre crucial dans la théorie des cycles réels. La contribution principale est de montrer comment les développements de ce débat ont été forgés par la volonté d’Edward Prescott de défendre sa propre théorie des fluctuations économiques ainsi que le modèle de croissance néoclassique standard dans lequel la substitution intertemporelle du loisir est le mécanisme principal à travers lequel les chocs technologiques se propagent. Des détails concernant la montée du paradigme RBC autorisent une mise en perspective de l’histoire de la macroéconomie telle qu’elle est racontée par ses praticiens, ainsi que le questionnement de l’ambition d’un tel programme de recherche de fournir des fondations microéconomiques aux modèles macroéconomiques reposant sur l’hypothèse d’un agent représentatif.

Thesis resume

This thesis consists in a series of theoretical essays on the macroeconomics of health and offers a reflexion on the recent history of economic thought. The first chapter is an inquiry into the contemporary differences in life expectancy and health care expenditure between the United States and Western Europe. The issue addressed is the ‘American Puzzle’ — the fact that US health lags behind that of Europe despite a greater health care expenditure as a share of GDP. Drawing on a wealth of evidence stemming from various scientific disciplines indicating potentially deleterious effects of long working hours on people’s health, this chapter explains the puzzle with differences in labor supply between the US and Europe. The share of total resources devoted to health care increases with the number hours worked, but the relation between health and labor supply is non-monotonous. Taking the model to the data, it is argued that a reduction of working time in the US could improve workers’ life expectancy while decreasing the share of GDP devoted to health care. The second chapter takes a more historical perspective and investigates the decline in the average level of skills of the population during the Industrial Revolution in England, an episode of ‘deskilling’ that occurred while the life expectancy of workers was stagnating despite economic growth. These features of development are rationalized in a unified growth model where the skill composition of the labor force influences the direction of technological change, and public health investments are the result of profit-maximization of the elite capitalist class. The timing of such investments appears crucial to generate a switch from unskill- to skill-biased technological progress and allow the economy to take-off to a regime of sustained growth. The broader objective of this chapter is to put political economy back at the heart of the study of long-run economic development. Finally, the third chapter documents more than thirty years of controversy around the value of the aggregate labor supply elasticity, a parameter crucial to the Real Business Cycle theory of employment fluctuations. The main contribution is to show how developments in the debate were shaped by Edward Prescott’s objective to defend his theory of business cycle fluctuations and the standard neoclassical growth model with intertemporal substitution of leisure as the main mechanism through which technology shocks propagate. Details relative to the rise of the RBC paradigm also allow to put the standard narrative of modern macroeconomics into perspective, and question the ambition of such a research program to provide microfoundations to macroeconomic models using a representative agent.