Soutenance de thèse de Axel BARRAULT

Cette thèse examine l’interaction complexe entre l’intonation et la structure informationnelle en français. La faible association entre la très fréquente montée initiale (IR) de la fréquence fondamentale et la frontière gauche du focus contrastif non correctif en production sert de cas d’étude. Des énoncés parallèles impliquant un contraste entre les constituants non répétés sont utilisés. Les interactions entre les nombreux paramètres (extra-)linguistiques influençant la probabilité d’apparition de cet accent secondaire prénucléaire rendent difficile l’appréhension de son rôle en perception pour l’accès à l’intention référentielle. Cette thèse soutient que l’on ne peut faire l’économie d’une modélisation probabiliste rationnelle, telle qu’adjointe à la phonologie de laboratoire afin de documenter le poids de chaque paramètre dans l’utilisation de l’IR en relation avec le focus. Sous l’hypothèse qu’un lien fort existe entre production et représentations perceptives abstraites, ce travail élabore différentes méthodes et leurs limites pour contribuer à délimiter la pertinence de l’IR pour l’accès à l’intention sémantique. Les études menées corroborent le caractère faible de l’association. En production, l’IR se révèle un marqueur anticipé et non-local de l’empan du constituant focalisé à venir. Testé en perception, ce paramètre de l’encodage intonatif du focus et de la distribution de l’IR ne semble pas assez conventionnalisé pour susciter en temps réel une facilitation du traitement, même dans le cas idéal d’un locuteur au système maximalement informatif. Cette thèse spécule sur une rationalité à ce non-recours à l’IR si l’on considère sa faible informativité dans l’input.

This dissertation examines the complex interplay between intonation and information structure in French. The weak association between the very frequent initial rise (IR) in fundamental frequency and the left boundary of a contrastive non-corrective focus in production serves as a case study. Two-parallel clause utterances involving contrast between the unrepeated constituents were used. The interactions among several (extra-)linguistic parameters influencing the probability of appearance of this prenuclear secondary accent make it difficult to apprehend its role in perception in accessing the intended meaning. This thesis argues that a rational probabilistic modeling, as combined to laboratory phonology, cannot be dispensed with to capture how each parameter weighs upon the use of IR in relation to focus structure. Under the assumption that a strong link exists between production and abstract perceptual representations, this work elaborates different methods and their limitations to contribute to delineating the relevance of the IR in accessing referential intention. The studies conducted corroborated the weak nature of the association. The production study revealed the anticipatory and non-local role of the IR as marking the span of the upcoming contrastively focused constituent. When tested in perception, this parameter of intonational encoding of focus and the IR distribution did not appear to be conventionalized enough to facilitate online processing, even in the ideal case of a maximally informative speaker system. This thesis proposes that the non-use of IR can be rational considering its weak evidential strength and low informativeness in the input.