Ecole Doctorale

Sciences Juridiques et Politiques

Spécialité

Doctorat en droit spécialité Droit privé

Etablissement

Aix-Marseille Université

Mots Clés

Souffrance,Droit,Préjudice,Réparation,Soulagement,Désir

Keywords

Suffering,Law,Prejudice,Reparation,Relief,Desire

Titre de thèse

La souffrance et le droit
Suffering and the law

Date

Mardi 1 Décembre 2020 à 14:00

Adresse

3 Avenue Robert Schuman 13628 Aix-en-Provence Salle des Actes

Jury

Directeur de these M. Alain SÉRIAUX Aix Marseille Université
Rapporteur M. Christophe QUÉZEL-AMBRUNAZ Université Savoie Mont Blanc
Rapporteur M. Jean-René BINET Université de Rennes 1
Examinateur Mme Anne LEBORGNE Aix-Marseille Université
Examinateur M. François VIALLA Université de Montpellier

Résumé de la thèse

La souffrance a une faculté de nuisance : elle affaiblit l’être, accapare ses pensées et contribue à son isolement. Le droit a intérêt à appréhender ce sentiment, car il est un danger pour l’homme dont la capacité d’action est menacée, et pour la collectivité dont la cohésion est fragilisée par la mise à l’écart du souffrant. C’est dans la réaction et dans la lutte que le droit appréhende la souffrance. Il a réagi à la souffrance infligée à autrui en accordant à la victime une indemnité compensatrice et, par le progrès des techniques médicales, s’est enrichi de dispositifs destinés à l’éliminer. La souffrance présente deux aspects : l’ « avoir mal », qui est une crise de la sensibilité, et l’ « être mal », qui est une crise existentielle. En droit civil de la réparation comme en droit médical, le fait d’avoir mal a été pris en considération avant le mal-être des hommes, le droit ayant tenu compte de ce dernier en raison d’une préoccupation nouvelle des hommes pour leur bien-être. L’étude de l’ « avoir mal » montre que le droit s’est attaché à réparer les souffrances injustement subies et, venant se placer aux côtés de la médecine, à les soulager en permettant le recours à des moyens techniques et humains. Quant au mal-être, il est de nos jours réparé lorsqu’il est injustement subi, et des mesures symboliques permettent d’apaiser ceux qui en souffrent. Des dispositifs favorisent aussi son élimination par le recours aux techniques médicales, mais le souci croissant de satisfaire les demandes individuelles en n’imposant plus la preuve d’une pathologie, questionne la vocation thérapeutique du droit. En tout cas, l’ « avoir mal » et l’ « être mal » ne peuvent pas être appréhendés de la même manière par le droit, car ils ont leur propre nature. Ce travail autour de la souffrance met au jour la complexité de ce sentiment, la difficulté pour le droit de la saisir et l’influence du contexte dans lequel notre société évolue. Il met aussi en garde contre la technique, à la fois indispensable pour lutter contre la souffrance et dangereuse selon l’utilisation qui en est faite.

Thesis resume

Suffering has the capacity to do harm. It weakens men, monopolizes their thoughts, and isolates them. The law must apprehend this feeling because it is dangerous for individuals as well as society, which loses one of its own. The law apprehends suffering through reaction and struggle. It provides compensation to the victim who suffers unjustly. It acts directly against suffering by allowing medical techniques to be used to eliminate it. Suffering has two aspects: pain and ill-being. In civil and medical law, pain was considered before ill-being. The latter was taken into account because of a new concern for well-being. The study of pain shows that the law has endeavoured to repair it, and, by assisting medicine, to relieve it by authorizing the use of medical techniques. In the same way, ill-being is today repaired when it is unjustly suffered, and symbolic measures make it possible to appease those who suffer from it. Laws also allow its elimination through the use of medical techniques. However, the desire to satisfy the people's demands by no longer imposing the proof of a disease questions the therapeutic vocation of the law. In any case, pain and ill-being cannot be apprehended in the same way because they are of a different nature. This work has shown that suffering is a complex feeling, that law has difficulties in apprehending it, and that the context in which our society evolves has an influence. It also warns against the technique which can be the object of misuse.