Ecole Doctorale

COGNITION, LANGAGE, EDUCATION

Spécialité

Psychologie

Etablissement

Aix-Marseille Université

Mots Clés

attention,orthographique,intégration spatiale des informations,Dyslexie,lexique,

Keywords

lexical processing,dyslexia,spatial integration,attention,orthography,

Titre de thèse

Le traitement en parallèle des mots pendant la lecture.
An investigation of spatial integration processes during reading

Date

Vendredi 7 Septembre 2018

Adresse

3 Place Victor Hugo, 13331 Marseille, Laboratoire de Psychologie Cognitive Salle des voutes

Jury

Directeur de these M. Jonathan GRAINGER Aix-Marseille University, Laboratoire de Psychologie Cognitive
Examinateur M. Richard SHILLCOCK University of Edinburgh, School of Philosophy, Psychology and Language Sciences
Examinateur M. Walter VAN HEUVEN University of Nottingham, School of Psychology
Rapporteur M. Johannes ZIEGLER Aix-Marseille University, Laboratoire de Psychologie Cognitive
Rapporteur M. Ludovic FERRAND Université Clermont Auvergne

Résumé de la thèse

Une question centrale des recherches sur la lecture concerne la nature séquentielle ou parallèle de l’identification des mots pendant la lecture de phrases. L’hypothèse dominante postule que l’attention spatiale est allouée à un seul mot à la fois, et qu’avec cette contrainte, l’identification des mots doit forcément s’opérer de manière séquentielle. Cependant, un certain nombre de résultats suggèrent, au contraire, que l’attention spatiale peut être allouée à plusieurs mots à la fois, de manière distribuée. Cette attention disbribuée pourrait permettre l’identification en parallèle de plusieurs mots de manière simultanée, et les travaux présentés dans cette thèse cherchent à déterminer la viabilité de cette hypothèse. Notamment, nos travaux visent à préciser le niveau de traitement (visuel, orthographique, lexical, sémantique ou syntaxique) permis par cette attention distribuée. En premier lieu, les travaux de la thèse confirment que l’attention spatiale peut être allouée à plusieurs mots à la fois, et montrent que cette attention distribuée est un facteur important pour permettre le traitement en parallèle des informations orthographiques issues de plusieurs mots. Concernant l’identification en parallèle des mots, les travaux de la thèse présentent plusieurs preuves que non seulement cela est possible, démontré à l’aide des paradigmes de lecture simplifiée, mais que cela se passe également en situation de lecture normale. D’abord, il a été montré que les mots enchassés dans des mots plus longs (ex : « mat » dans « matière ») sont activés pendant la lecture, influençant ainsi l’activité oculomotrice du lecteur. Ensuite, nous avons montré que les décisions sémantiques, syntaxiques ou lexicales prises sur un mot cible central sont influencées par les caractéristiques sémantiques, syntaxiques ou lexicales des mots adjacents, présentés à gauche et à droite du mot cible pour une durée très brève de 170 ms. Ces résultats montrent que les lecteurs experts sont en principe capables de traiter les informations sémantiques, syntaxiques et lexicales issues de plusieurs mots en parallèle. Ces résultats posent donc une question fondamentale : comment un système de traitement en parallèle des mots pendant la lecture organise-t-il ces informations pour ne pas créer de confusions ? En effet, les défenseurs d’une approche strictement séquentielle de la lecture ont notamment déclaré qu’un système de traitement en parallèle créerait une confusion au niveau de l’ordre des mots dans les phrases. La thèse présentée ici décrit un cadre théorique pour la lecture experte qui explique comment un système de traitement en parallèle peut gérer correctement les informations qu’il traite et fournir l’ordre correct des mots. Une caractéristique centrale de cette proposition concerne l’importance des influences du traitement des informations à l’échelle de la phrase sur le traitement des informations aux niveaux inférieurs, et notamment au niveau lexical. Ces influences ont été révélées de manière expérimentale en montrant que l’identification d’un mot est facilitée lorsque le mot est présenté dans une phrase correcte par rapport à une séquence agrammaticale. De plus, nous avons pu vérifier une prédiction centrale de ce cadre theorique, à savoir que dans certaines conditions, les mots peuvents être identifiés comme étant dans un ordre différent de l’ordre réel dans lequel ils étaient présentés. Enfin, la thèse est conclue par la présentation d’un modèle computationnel de la lecture qui intègre la plupart des caractéristiques du modèle conceptuel. Ce modèle, OB1-Reader, possède un pouvoir explicatif plus grand que ses prédécesseurs, et pour la première fois offre un moyen d’explorer, au-délà de la lecture des mots isolés, les conditions susceptibles de provoquer un dysfonctionnement de la lecture.

Thesis resume

This thesis addresses one of the most hotly debated issues in reading research: Are words processed serially or in parallel during reading? One could argue that this is primarily a question of visuo-spatial attention: is attention distributed across multiple words during reading? Naturally, if one were to establish that attention is strictly directed to one word at a time, then one would necessarily conclude that readers are serial processors. However, if one were to establish that attention is allocated to multiple words at once, then matters become more complicated: it is possible, for instance, that a small portion of attention dedicated to surrounding words allows the reader to pick up low-level information (e.g., information about word lengths or letters) from those words, but that actual lexical access would still occur in a serial fashion. Thus, in case of a widespread attentional distribution, one would need means to determine whether higher-order processing occurs for multiple words at once, in order to truly evidence parallel processing. The research presented here suggests that attention can indeed be allocated to multiple words at once. It is further established that attention is a key factor driving (sub-lexical) orthographic processing. The next question, then, is whether multiple lexical representations can be activated in parallel. This thesis comprises a wealth of evidence for parallel lexical activation: firstly we have found that readers activate embedded words (e.g., ‘use’ in ‘houses’) alongside the word that is to be recognized, indicating that parallel lexical processing would occur even if readers could effectively focus their attention on single words. Moreover, we have found that semantic and syntactic categorization decisions about foveal target words are influenced by the semantic and syntactic aspects of surrounding words, even when all these words are presented for a duration shorter than the average time needed to recognize a single word. Hence, given that readers’ attention is spread across multiple words and that multiple lexical representations can be activated in parallel, it seems reasonable to claim that the reading system is in principle a parallel processing system. This generates another important question: How does the parallel processing reading system organize incoming information? Indeed, proponents of serial processing have claimed that a parallel processing system would have difficulty processing text, as it might mix up linguistic information across words and lose track of word order. In this thesis I present a theoretical framework that addresses these issues. The crux is that the process of determining the identity and order of words is heavily influenced by sentence-level representations. This conception is supported by the finding that the recognition of individual words is much better when surrounding words form a coherent sentence, compared to when the same surrounding words are in a different, syntactically incorrect order. Such effects again emerge with very short stimulus presentation times, and moreover, are equally strong for words in the left and right visual hemifields respectively, hence arguing against rapid serial left-to-right processing. Strikingly, our theoretical framework also correctly predicted that readers can in fact recognize words out of order―and that this is not so problematic as proponents of serial processing have thought. Finally, this thesis also presents a computational model that integrates most of these insights. The OB1-Reader model accounts for more phenomena than its predecessors, and additionally offers new means to explore how and when reading may go awry.