Ecole Doctorale

ESPACES, CULTURES, SOCIETES - Aix Marseille

Spécialité

Histoire

Etablissement

Aix-Marseille Université

Mots Clés

Mort,Santé publique,Paroisses,Société et religion,Réforme funéraire,Dix-neuvième siècle,

Keywords

Death,Public Health,Parishes,Society and Religion,Burial Reform,Nineteenth century,

Titre de thèse

A qui appartiennent les morts ? La gestion sociopolitique des corps à Bath au XIXème siècle (1800-1911)
Who owns the dead? Social and political governance of corpses in Bath during the XIXth century (1800-1911)

Date

Mardi 5 Décembre 2023 à 9:00

Adresse

Maison Méditerranéenne des Sciences de l'Homme, 5 rue Château de l'Horloge, 13090 Aix-en-Provence Salle Georges Duby

Jury

Directeur de these Mme Anne CAROL Aix Marseille Université
Rapporteur Mme Stéphanie SAUGET Université de Tours
Rapporteur M. François-Joseph RUGGIU Université Paris-Sorbonne
Examinateur M. Régis BERTRAND Aix-Marseille Université
Examinateur M. Bruno BERTHERAT Université d'Avignon
Examinateur Mme Julie RUGG University of York
Examinateur M. Philippe CHASSAIGNE Université Bordeaux-Montaigne

Résumé de la thèse

Cette thèse entend questionner la renégociation des rapports de force entre paroisses, clergé, gouvernements régionaux et Etat dans le long processus de transition du système funéraire en Grande-Bretagne, à travers l’exemple de la ville de Bath. Ce faisant, elle distingue trois périodes majeures : une phase d’expansion démographique qui donne de l’ampleur aux revendications des minorités religieuses alors que se renforce l’exclusion des indigents dans la vie et la mort (1800-1844), suivie d’une longue décennie de construction de cimetières par des acteurs privés au sein des clergés anglican et catholique, en réaction à la dégradation des enclos et la menace, bientôt réalisée, d’une réforme funéraire d’envergure (1844-1858), et enfin d’une période de marquée par un regain de pertinence des paroisses, forces motrices derrière une série de cimetières paroissiaux extra-urbains dont l’autonomie est graduellement contestée (1859-1911). Ces grands mouvements se produisent alors que le revenu dégagé par l’inhumation, les funérailles et le trafic de cadavres deviennent des enjeux majeurs du débat national sur la gestion des corps mort, de même que les notions de santé publique, de décence de l’inhumation, et d’assistance aux plus vulnérables. S’y rencontrent donc des objets d’histoire de la mort et des transformations qui touchent aux piliers de la société civile et de l’Etat britanniques. Approcher la transition funéraire en Grande-Bretagne via la ville de Bath permet de souligner les spécificités de centres urbains anglais, où le clergé anglican demeure jusqu’à la fin du siècle une institution majeure, dont l’influence se traduit par l’échec de réformes, ou des concessions majeures visant à protéger ses revenus et son importance symbolique. Mais la multiplicité des acteurs et des discours à l’œuvre invite à adopter un regard nuancé, au vu des nombreuses archives, comptes-rendus et articles de presse, qui permettent de suivre au plus près des décisions influencées par des inégalités socio-économiques locales et de féroces différends, autant que par le tournant national représenté par les Burial Acts de 1852 et 1853. Cette relecture du long déclin de l’économie morale de la mort et des conflits qui s’ensuivent autour du modèle à adopter tente de restituer, à l’échelle locale, la complexité des enjeux de contrôle social, sanitaire et bureaucratique des corps au cœur de la transition funéraire tardive en Grande-Bretagne, inséparable de la formation d’une société contemporaine urbanisée et capitaliste.

Thesis resume

This thesis aims to unravel how the status quo between parishes, clergy, local government and the State was renegotiated during the decades-long funereal transition process in Great Britain, through a case study of the city of Bath. It is structured in three major phases: a significant urban and demographic expansion, which lent itself to increasing demands by Nonconformist groups for inclusive burial-grounds, while paupers were gradually excluded in life and death (1800-1844), followed by a protracted decade of cemetery-building by individual promoters belonging to the Anglican and Catholic clergy, in reaction to the decay and foreseeable closure of urban churchyards (1844-1858), and an eventual period of consolidated relevance for vestries, who built and ran a series of extra-urban cemeteries before their autonomy was gradually called into question (1859-1911). These phases highlight elements that increasingly appear in the national debate around managing the dead: the revenue from burial and undertaking, the anatomical trade, but also public health and decency, or social care. Therefore, this study stands at a crossroads between death studies, and the history of major changes to British civil society. Using Bath as a case study allows this work to draw out the specificities of English urban centres, where the Anglican clergy remains a major institution throughout the century, exercising its influence to block reforms or obtain major concessions to preserve its revenue and symbolic importance. However, the many actors and discourses at play encourage us to take a nuanced outlook, as a rich trove of archives, accounts and press articles allow for a blow-by-blow reading of key decisions, where local socio-economic inequalities and fierce interpersonal rivalries may play as key a role as the funeral reform created by the 1852 and 1853 Burial Acts. Revisiting the moral economy of death’s slow decline and the conflicts around the new regime of the dead allows one to outline at a local level the complex issues around social, sanitary and bureaucratic control of bodies which lie at the heart of Great Britain’s funereal transition, one wholly inseparable from the formation of its urbanized, capitalist society in the Late Modern period.