Ecole Doctorale

Langues Lettres et Arts

Spécialité

ARTS : études cinématographiques et audiovisuelles

Etablissement

Aix-Marseille Université

Mots Clés

cinéma français contemporain,absurde,Quentin Dupieux,désorientation,esthétique,éthique,

Keywords

contemporary French cinema,absurd,Quentin Dupieux,disorientation,aesthetic,ethical,

Titre de thèse

Désorientation esthétique et éthique, la polyphonie du rire dans le cinéma de Quentin Dupieux
Aesthetic and ethical disorientation, the polyphony of laughter in the cinema of Quentin Dupieux

Date

Vendredi 10 Mars 2023 à 14:00

Adresse

29 Av. Robert Schuman, 13100 Aix-en-Provence Salle de colloque 2

Jury

Rapporteur Mme Sue HARRIS Queen Mary University of London
Président M. Alain VAILLANT Univsersité Paris Nanterre
Examinateur Mme Natacha CYRULNIK Aix Marseille Université
Directeur de these M. Thierry MILLET Aix Marseille Université

Résumé de la thèse

Les comédies de Quentin Dupieux, habitées par les réminiscences de l’enfance, nous apparaissent comme des boutades sérieuses et ludiques. Cet oxymore symbolise les intentions de cet artiste polyvalent qui non seulement refuse de se prendre au sérieux tout en s’appliquant à travailler avec une grande rigueur, mais également s’efforce de déployer un humour nous poussant à rire des incohérences de l’homme et de notre condition. Son cinéma, nourri par une pluralité des genres, fait émerger une forme d’absurde et d’étrangeté que l’on peut rapprocher de celle de Samuel Beckett et d’Eugène Ionesco, mais également du surréalisme de Luis Buñuel, du mystère de David Lynch, de l’horrifique de Tobe Hooper et de David Cronenberg ainsi que des comédies de Bertrand Blier, Francis Veber et de Philippe de Broca. Ces cinéastes constituent une partie essentielle de sa cinémathèque mentale qui nous apparait comme un jeu de pistes intertextuel afin d’explorer son univers pluridisciplinaire foisonnant. En effet, les films de Quentin Dupieux établissent leur construction dans la pluralité artistique telle que la musique électronique, l’art du marionnettiste, le théâtre, la photographie et l’art numérique. Sa filmographie, qui oscille entre impudeur et pudeur, dévoile une bouffonnerie et une idiotie qui nous invitent à interroger et à prendre du recul avec notre réalité. Or, étudier son cinéma ne se limite pas au décodage de l’humour et de la dérision. Il fait preuve d’une autodérision artistique qui vise la réflexivité cinématographique et existentielle, par la projection, sur l’écran de cinéma, d’un miroir concave hanté par des automates et clôturé dans un nontemps et un nonlieu, comparables aux concepts d’hétérotopie et d’hétérochronie. Chez Dupieux, si ses comédies questionnent l’absurdité et le tragique de la condition humaine, elles atteignent également leur finalité principale de faire émerger un rire polyphonique, désorienté et postmoderne qui interroge notre représentation et notre conceptualisation du monde en lien avec notre subjectivité, mettant en jeu notre approche esthétique et notre éthique spectatorielle.

Thesis resume

The comedies of Quentin Dupieux, profoundly influenced by his childhood recollections, present themselves as playful yet earnest jests. This duality indicates the intentions of a versatile artist who refuses to take himself seriously yet works with great precision while showing us how to laugh at the human condition in all its contradictory glory... Drawn from a multitude of genres, his films bring forth a type of absurdity and otherness, similar to that of Samuel Beckett and Eugene Ionesco, but also to the surealism of Luis Bunuel and the enigma of David Lynch, to Tobe Hooper and David Cronenberg’s horror, as well as Bertrand Blier, Francis Veber and Phillipe de Broca’s comedies. These film makers constitute a key part of Dupieux’s mental library, which appears as a sort of intertextual treasure hunt where we can explore his rich and multifaceted universe. Indeed, Quentin Dupieux’s movies are constructed from this artistic plurality, for example through electronic music, pupeteering, theatre, photography and digital art. His work oscilliates between modesty and indecency, revealing silliness and buffoonery that invite us to examine and take a step back from our reality. However, studying his films isn’t limited to decoding their humour and mockery. He has a form of creative auto-derision which is aimed at cinemas natural reflexivity and existential qualities, through projection, on screen, of a concave mirror haunted by automatons and enclosed in a non-time and non-space comparable to the concepts of heterotopia and heterochromia. Dupieux’s comedies question the ridiculous and the tragic aspects of human experience while simultaneously bringing about the initial goal of a polyphonous, disoriented and postmodern laugh that makes us consider our representation and conceptualisation of the world as related to our subjectivity, toying with our esthetic and ethical approach as spectators.