Ecole Doctorale

Langues Lettres et Arts

Spécialité

ARTS : Sciences de l'art

Etablissement

Aix-Marseille Université

Mots Clés

Hiroshima,Cinéma,Trauma,Mi-voir,Essayer-Dire,Spectateur,

Keywords

Hiroshima,Cinema,Trauma,Half-see,Attempt-to-tell,Spectator,

Titre de thèse

Un cinéma de l’irreprésentable. Le trauma dans Hiroshima mon amour, H-Story et L’expérience préhistorique
Cinema of the unrepresentable. Trauma in Hiroshima Mon Amour, H Story, and L’expérience préhistorique

Date

Mardi 4 Avril 2023 à 9:00

Adresse

Aix-Marseille Université - Schuman - 29 AVE R. Schuman - 13628 Aix-en-Provence Salle de colloque 2 MD VP

Jury

Directeur de these Mme Christine BUIGNET Aix Marseille Université
Rapporteur M. Mathias LAVIN Université de Poitiers
Rapporteur M. Olivier AMMOUR-MAYEUR International Christian University
CoDirecteur de these Mme Caroline RENARD AMU
Président M. José MOURE Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Examinateur M. Vinot FRéDéRIC Université Côte d’Azur

Résumé de la thèse

Inscrite dans une perspective de transversalité disciplinaire entre sciences de l’art, études cinématographiques et psychanalyse, cette thèse vise à saisir les possibilités de représentation du traumatisme au cinéma à partir de l’exemple du bombardement d’Hiroshima. Pour ce faire, nous avons choisi un corpus resserré autour de deux films, Hiroshima mon Amour d’Alain Resnais et H Story de Suwa Nobuhiro, et d’une œuvre à la croisée du cinéma et de l’art contemporain, L’expérience préhistorique de Christelle Lheureux. L’hypothèse développée dans notre thèse peut se formuler ainsi : le Réel, et a fortiori le trauma, ne se représente pas et ces trois œuvres sont des tentatives de l’approcher en le bordant, en tissant autour, images et sons, sans jamais le recouvrir. Après un rappel historique des événements de la Seconde Guerre mondiale, une réflexion menée sur le bouleversement de la question de la représentation après celle-ci, notamment à travers l’analyse comparative de Nuit et Brouillard d’Alain Resnais et de Shoah de Claude Lanzmann, nous permet de poser les bases de notre recherche sur l’irreprésentable au cinéma (Partie 1). Nous étudions alors comment les cinéastes de notre corpus se saisissent de la béance de représentation du trauma pour travailler les images-mouvements, à partir, entre autres, de la trace, de l’évidement et du hors-champ, principes formels qui permettent la construction de ce que nous avons appelé un mi-voir, empruntant au mi-dire de Jacques Lacan l’idée qu’une vérité ne peut jamais toute se dire (Partie 2). Puis, nous interrogeons le rapport à la langue dans ces trois œuvres en cherchant à analyser la structure de leur « récit », dans leurs rapports au trauma, au langage mais aussi à la notion de pli. Ces approches éclairent la manière dont Resnais, Suwa et Lheureux construisent des formes singulières d’essayer-dire qui, à la fois, cherchent à tisser, par le langage, les entours du trauma et construisent des formes de survivance à l’œuvre dans leurs images-mouvements (Partie 3). Enfin, nous articulons les problématiques liées au montage avec les notions de répétition et de reprise pour mieux comprendre les enjeux des remakes singuliers que sont H Story et L’expérience préhistorique, mais aussi la manière dont la temporalité peut être éclatée, équivoque et se replier sur elle-même par le montage qui engendre alors, dans les trois œuvres de notre corpus, des disjonctions entre visible et dicible et vient, par là même, faire affleurer le trauma tout au long des films, mais aussi des formes de survivance, des images-lucioles (Partie 4). Celles-ci, en deçà du faisceau des projecteurs, fragiles, ténues et intermittentes, invitent le spectateur, à rebours de ses habitudes, à construire son regard et à prendre position face aux images et dans le monde.

Thesis resume

As part of an interdisciplinary perspective between art theory, film and media studies, and psychoanalysis, this thesis aims to grasp the ways to represent trauma in cinema using the example of the Hiroshima bombing. To that end, this dissertation uses a selected corpus of two films – Alain Resnais’s Hiroshima Mon Amour and Nobuhiro Suwa’s H Story – as well as a work at the crossroads of cinema and contemporary art – Christelle Lheureux’s L’Expérience Préhistorique. This thesis argues the following hypothesis: the Real, let alone trauma, cannot be represented, and those three works are attempts to approach it by bordering it, by weaving pictures and sounds around it, without ever truly covering it. After a history reminder of major World War II events, Part 1 reflects on how representation was turned upside down after such events, through a comparative analysis of Alain Resnais’s Night and Fog and Claude Lanzmann’s Shoah, in order to lay down the foundations of this research on the “unrepresentable” in cinema. Part 2 explores how the filmmakers in this study take hold of the yawning gap of trauma representation to experiment with movement-images, including the use of formal principles such as traces, hollowing out, and offscreen footage; these techniques lead to what I call a half-see, borrowing from Jacques Lacan’s half-tell the idea that a truth cannot always be fully told. Next, Part 3 questions the relationship those three works entertain with language by analyzing their narrative structure in their relationship to trauma, language, but also to the concept of folds. This will enable us to understand the way filmmakers (Resnais, Suwa and Lheureux) create unique shapes of what I call attempt-to-tell that simultaneously seek to weave the outlines of trauma through language and create types of “survival” in their movement-images. Lastly, Part 4 focuses on editing issues, using the notion of repetition, in order to argue that H Story and L’Expérience Préhistorique are unique remakes in which temporality can be broken down, ambivalent, and fold onto itself through the editing process that generates disjunctions between what is visible and what is sayable, which consequently brings trauma to the surface throughout the three films, as well as examples of survival, of firefly-images. Those firefly-images appear under the beam of the projectors — frail, tenuous and intermittent — and encourage the viewer, against their habits, to build their own gaze and to take position opposite those images and within society.