Ecole Doctorale

Langues Lettres et Arts

Spécialité

ETUDES ANGLOPHONES

Etablissement

Aix-Marseille Université

Mots Clés

traduction audiovisuelle,traductologie,plurilinguisme,films de guerre,films d'anticipation,cinema,

Keywords

audiovisual translation,translation studies,plurilingualism,war films,futurist films,cinema,

Titre de thèse

Le plurilinguisme dans le cinéma à grand succès et ses traductions, dans les films de guerre et d'anticipation des années 40 à nos jours
Plurilingualism in blockbusters and its translations, in war films and science fiction films from the forties till the present day.

Date

Vendredi 2 Décembre 2022 à 14:00

Adresse

29 avenue Robert Schuman, 13100 Aix-en-Provence D317

Jury

Directeur de these Mme Sara GREAVES Aix Marseille Université
Rapporteur Mme Helen MUNDLER Université Paris-Est Créteil
Rapporteur Mme Nathalie VINCENT-ARNAUD Université Toulouse 2
Examinateur M. Fabrice ANTOINE Université de Lille
Président M. Sébastien LEFAIT Aix Marseille Université

Résumé de la thèse

En 2009, à l’occasion du Festival de Cannes où il présente son dernier film, Inglourious Basterds, Quentin Tarantino aurait déclaré : « It would not make sense to dub this film. » Le long-métrage en question est plurilingue et présente de nombreux dialogues en langues étrangères. Pourtant, malgré cette déclaration du réalisateur, tous les pays habitués au doublage ont produit leur propre version. Cette remarque de la part d’un réalisateur américain et la réponse des pays, notamment européens, qui va à l’encontre de son intention supposée, nous amène à nous questionner sur le rôle du plurilinguisme au cinéma. Le fait que Tarantino lui-même remette en question l’utilité du doublage de telles productions, nous pousse également à nous interroger sur les raisons d’être de ces traductions. En partant de telles observations, cette recherche déjà interdisciplinaire, qui associe le plurilinguisme et le support audiovisuel qu’est le cinéma, s’intéresse à des questions traductologiques : quelles langues traduire ? pourquoi et comment les traduire ? Pour comprendre ce que le plurilinguisme peut apporter au cinéma, nous nous appuyons sur un corpus de longs-métrages de deux genres précis : films de guerre et d’anticipation. Avec une sélection d'œuvres qui s’étendent de 1940 à nos jours, nous constatons que l’évolution n’est pas franche : deux étapes se démarquent et correspondent à deux longs-métrages qui bousculent les mises en scène traditionnelles. En parallèle de ces étapes, une approche perdure et maintient les langues au rang de fond sonore. Audibles mais sans importance particulière, ces langues peuvent passer inaperçues et le public peut ne pas reconnaître de quelles langues il s’agit, et n’est pas encouragé à questionner l’illusion monolingue qui lui est présentée. Cette approche qui invisibilise et passe sous silence les langues étrangères, devient le point de départ de notre réflexion et le ciment qui unit toutes les disciplines et pistes explorées. Bien entendu, l’invisibilisation des langues ne touche pas seulement les langues en tant que telles, qui sont attachées à des identités. Le plurilinguisme dans le cinéma américain à grand succès est alors à étudier sous l’angle de la représentation de l’altérité. Quelle place est accordée à l’étranger et à sa langue ? Pour y répondre, nous mettons notre corpus à l’épreuve de fonctions scénaristiques portées par les langues telles que la caractérisation des personnages ou les relations entre eux. L’analyse s’étend ensuite à la traduction audiovisuelle française, qui paraît guidée par les politiques linguistiques nationales et parfois limitée par des questions autant techniques que financières. Nous proposons également d’envisager la traduction sous l’angle de la théorie du care, puisque, paradoxalement, l’invisibilisation de l’altérité se fait aussi par la dissimulation de l’opération qui vise à rendre familière une œuvre à un public cible. Le travail du traducteur consiste à se faire oublier, parallèlement à un manque de reconnaissance qui pousse à ne pas mettre son nom en valeur : donnant l’impression qu’une œuvre passe d’une langue à l’autre par ‘magie’.

Thesis resume

During the 2009 Festival de Cannes, director Quentin Tarantino allegedly declared, with reference to his latest film, Inglourious Basterds: "It would not make sense to dub this film." It is a plurilingual film and includes many foreign language dialogues. But that didn't stop dubbing countries from dubbing the film and proposing their own version. This statement, made by an American director, and the response of mainly European countries contrary to his reported intention, raise questions about the role of plurilingualism in films. The fact that Tarantino himself questioned the purpose of dubbing such films, leads us to consider what underlies a particular country’s choice to dub a plurilingual production. In the light of these remarks, this already interdisciplinary research, combining plurilingualism with the audio-visual medium of the cinema, focuses on typical questions linked to translation studies: which languages should be translated? Why and how should they be translated? To understand what plurilingualism can bring to the cinema, a corpus of films belonging to two different genres: war films and science fiction films, has been analysed. From the 1940s onwards, we notice a timid evolution, with two movies emphatically changing how plurilingualism is usually staged. At the same time, a certain use of foreign tongues remains and maintains language as a sort of background noise. Although audible, they are not given any particular importance and the audience may not notice them or recognise the language used, thereby leaving the apparent monolingualism presented on screen unchallenged. This tendency to mask foreign languages becomes the starting point of our research as well as the link between the disciplines and lines of research brought into play. Of course, the “invisibilisation” of languages is not confined exclusively to language as such – languages are related to identities. Plurilingualism in popular American film is to be looked at through the prism of the representation of foreignness. Which roles are played by foreigners and their languages? To answer this question, we have applied language-related scriptwriting functions to our corpus, such as characterisation and the relations between characters. This research also focuses on French audio-visual translation, which seems to be guided by national language policies and is sometimes restrained by technical and financial matters. As with translation in other areas, audio-visual translation can also be studied in connection with care theory, as we are faced with the paradox that the act of translating, through the translators’ efforts to sound familiar to the target audience, tends itself to mask the foreignness of the source text. The translator’s work is thus to make themselves invisible and this, along with a lack of recognition that often results in occulting the translator’s name, makes the importation of foreign works seem an almost magical operation.