Ecole Doctorale

ESPACES, CULTURES, SOCIETES - Aix Marseille

Spécialité

Anthropologie

Etablissement

Aix-Marseille Université

Mots Clés

euthanasie,fin de vie,bonne mort,autonomie,suicide,

Keywords

euthanasia,end of life,good death,autonomy,suicide,

Titre de thèse

Faire mourir et "savoir-mourir". Anthropologie de la pratique de l'euthanasie en Belgique
Making a good death. Anthropology of the practice of euthanasia in Belgium

Date

Vendredi 16 Décembre 2022 à 14:00

Adresse

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme 5 rue du Château de l'Horloge 13090 Aic-en-Provence Salle Georges Duby

Jury

Directeur de these Mme Laurence HERAULT Aix Marseille Université
Rapporteur Mme Marika MOISSEEFF LAS - CNRS
Examinateur M. Michel CASTRA Université de Lille - Ceries
Examinateur M. Anthony STAVRIANAKIS LESC - CNRS
Rapporteur Mme Gaëlle CLAVANDIER Université St Etienne - Centre Max Weber

Résumé de la thèse

La sécularisation croissante de la société ainsi que l’expansion remarquable des technologies médicales au cours du siècle dernier ont considérablement transformé notre rapport à la mort. À l’heure où les progrès de la science biomédicale prolongent la vie mais questionnent sur sa qualité et où l’idéal de liberté et d’autonomie individuelles se heurte aux logiques de contrôle politique et médical de la vie, la question de l’aide à mourir prend une place centrale dans les débats sur la fin de vie. L’euthanasie est actuellement au cœur de discussions publiques virulentes et fortement polarisées entre partisans et opposants. Mais alors que chacun campe sur ses positions et que le débat paraît en grande partie bloqué, il semble important d’examiner l’euthanasie à la lumière de ce qui se passe là où elle se trouve mise en pratique. La Belgique, qui depuis près de vingt ans bénéficie d’une loi de dépénalisation de l’euthanasie, constitue un observatoire privilégié pour comprendre les enjeux de cette pratique, et permet plus largement de questionner l’appréhension occidentale du bien mourir et du bien vivre. Il s’agit ici de s’extraire de la polarisation des débats et de dépasser la controverse pour comprendre, à partir de l’expérience de ceux qui y sont confrontés, ce qui se joue vraiment dans cette pratique contemporaine de l’euthanasie. Quels sont les rouages du processus euthanasique, et en quoi sa mécanique est-elle éminemment relationnelle ? De quelles manière les notions d’autonomie, de dépendance et de dignité sont-elles mobilisées par les différents acteurs de l’euthanasie et quel rôle jouent-elles dans cette pratique ? Que nous disent les parcours euthanasiques de la bonne et de la mauvaise mort, du savoir-vivre et du savoir-mourir ? À travers une enquête ethnographique menée en Belgique francophone auprès de différents acteurs de la pratique de l’euthanasie, cette recherche met en lumière la manière dont le processus euthanasique s’inscrit dans des logiques sociales où s’articulent les notions d’autonomie et de dignité, de dépendance interpersonnelle et de liberté individuelle. Examiner le recours à l’euthanasie en Belgique nous amène ainsi à explorer une fabrique collective et contemporaine de la bonne mort, et à dessiner les contours de ce qui, dans les sociétés occidentales, balise aujourd’hui la vie bonne.

Thesis resume

The growing secularization of society and the remarkable expansion of medical technologies over the last century have considerably transformed our relationship to death. At a time when advances in biomedical science are prolonging life but questioning its quality, and when the ideal of individual freedom and autonomy clashes with the logics of political and medical control of life, the question of assisted dying is taking a central place in the end-of-life debate. Euthanasia is currently at the heart of virulent and highly polarized public discussions between supporters and opponents. But while everyone is holding to their positions and the debate appears to be largely deadlocked, it seems important to examine euthanasia considering what is happening where it is being practiced. Belgium, which has had a law decriminalizing euthanasia for nearly twenty years, is a privileged observatory for understanding the issues at stake in this practice and, more broadly, for questioning the Western understanding of dying and living well. The aim here is to move away from the polarization of the debates and to go beyond the controversy to understand, based on the experience of those who are confronted with it, what is really at stake in this contemporary practice of euthanasia. What are the workings of the euthanasia process, and how is its mechanics eminently relational? In what way are the notions of autonomy, dependence and dignity mobilized by the different actors of euthanasia and what role do they play in this practice? What does euthanasia courses tell us about good and bad death, about knowing how to live and knowing how to die? Through an ethnographic survey conducted in French-speaking Belgium with various actors in the practice of euthanasia, this research sheds light on the way in which the euthanasia process fits into social logics where notions of autonomy and dignity, interpersonal dependence and individual freedom are articulated. Examining the recourse to euthanasia in Belgium thus leads us to explore a collective and contemporary factory of the good death, and to draw the contours of what, in Western societies, marks out the good life today.