Ecole Doctorale

Langues Lettres et Arts

Spécialité

ARTS : Etudes cinématographiques et audiovisuelles

Etablissement

Aix-Marseille Université

Mots Clés

Communisme,Pologne,Films,Résistance,Corps,Biopolitique

Keywords

Communism,Poland,Films,Resistance,Bodies,Biopolitics

Titre de thèse

Des corps chauds dans la Guerre froide. Pouvoir, intimité et résistance dans le cinéma polonais (1968-1989) : Une mémoire bio-cinématographique en Europe centrale ?
Warm bodies within the Cold War. Power, intimacy and resistance in Polish cinema (1968-1989) : A bio-cinematic memory in Central Europe ?

Date

Vendredi 7 Décembre 2018 à 14:00

Adresse

Site Aix-Marseille ALLSH 29 avenue Robert Schuman Aix-en-Provence13100 France Salle E 209, 2e étage – Bâtiment EGGER

Jury

Directeur de these M. Thierry ROCHE Aix-Marseille Université
Rapporteur M. Didier COUREAU Université Grenoble Alpes
Rapporteur M. Tadeusz LUBELSKI Université Jagellon, Cracovie, Pologne
Examinateur Mme Sylvie ROLLET Université de Poitiers
Examinateur M. Jean-Michel DURAFOUR Aix-Marseille Université

Résumé de la thèse

La fin des années 1960 correspond à un moment durant lequel la cinématographie polonaise est stimulée par trois dynamiques principales : une exceptionnelle diversification des démarches esthétiques, portée par une nouvelle génération de cinéastes talentueux et garantie par une relative indépendance des ensembles de production (X, TOR, Iluzjon, etc.); l’initiation d’un tournant anthropologique induit par une démarche pleinement axée sur l’observation de la « réalité », c’est-à-dire sur des pans entiers de la vie quotidienne jusque-là exclus des images; l’exploration de questions morales épineuses rendue possible par une émulation solidaire partagée par les membres de l’industrie. La prise en compte de ces phénomènes semble ouvrir un champ d’étude au sein duquel le cinéma polonais peut être analysé comme un vivier poétique des réalités intimes. Se dessine l’enjeu théorique de ce travail doctoral : étudier la valeur acquise par les formes intimes de résistance dans les films polonais produits entre 1968 et 1989, à l’appui d’un panorama transversal d’œuvres connues ou inconnues. Si, comme l’écrit le philosophe polonais Leszek Ko#akowski en 1977, «"les liens familiaux, affectifs et sexuels résistent obstinément à l’emprise du pouvoir"», comment le cinéma polonais a-t-il montré des corps qui aiment malgré tout, pensent et rêvent, figurant par leur présence à l’écran un rapport de force violent entretenu par la société civile avec l’État ? Déplaçant le concept de « biopolitique » (Michel Foucault) dans le contexte de la Pologne populaire, il s’agit de comprendre comment émerge une esthétique du désarroi visant à approfondir l’exploration poétique des gestes, des états (psycho)somatiques, des réactions corporelles et des sexualités. L’enjeu esthétique central cache un sous-enjeu mémoriel propre à l’Europe centrale et balkanique : qu’est-ce qu’à rebours les corps filmés font-ils à la mémoire du communisme ? Constituant le défi théorique de cette thèse, ce renversement que nous proposons de qualifier de mémoire bio-cinématographique, contribuera à éclairer la relation complexe induite par l’esthétique cinématographique avec l’altérité.

Thesis resume

At the end of the 1960s Polish cinematography is stimulated by three major dynamics: at first, an exceptional diversification of aesthetical approaches, conducted by a new generation of talented filmmakers and preserved by a relative institutional independence; secondly, the initiation of an"anthropological turn"shaped by a cinematic observation of a “reality” that was on recognised segments of daily life, but that remained excluded from public images until then; lastly, a constant ethical exploration of contentious moral issues, allowed by an infallible solidarity among members of the film industry. Taking these phenomena into consideration seems to open a field of research in which Polish cinema can been seen as a vivid reflection of intimate realities. The theoretical challenge of this PhD consists on studying the value acquired by the intimate forms of resistance in Polish films produced between 1968 and 1989 in support of a transversal panorama of known or unknown filmic works. If, as the Polish philosopher Leszek Kołakowski wrote in 1977, “family, affective and sexual relations stubbornly resist the grip of communist power”, how did Polish cinema show bodies that loved, thought and dreamt despite everything, pointing, through their presence on-screen, to a power relationship that confronted civil society with the communist state? Extrapolating the concept of “biopolitics” (M. Foucault) to the context of Communist Poland, our study aims to understand how an aesthetic of disarray emerged in order to delve deeper into the poetic depiction of gestures, (psycho)somatic states, bodily reactions and sexualities. This multi-layered aesthetic issue conceals a crucial subtopic concerning memory which is specific to Central and Balkan Europe: what impact do filmed bodies have on the memory of communism? Discussing these themes, comprised in what we propose to designate as a bio-cinematic memory, seems to be relevant to shed some light on the complex experiences offered by Polish cinema towards otherness.