Soutenance de thèse de Rebecca MARCHETTI

Des troubles sensorimoteurs ont fréquemment été rapportés chez les enfants et les adultes dyslexiques. En intégrant les hypothèses phonologiques et sensorimotrices dans un cadre commun novateur, cette thèse a constitué une opportunité unique d’étudier la comorbidité sensorimotrice et son impact dans la dyslexie, en explorant les liens fonctionnels entre phonologie et représentations sensorimotrices chez de jeunes adultes. Dans ce but, nous avons étudié une centaine d’étudiants dyslexiques et normolecteurs engagés dans des protocoles d’idéation motrice, de production de rythme, ainsi que dans des tâches articulatoires et de manipulation phonémique. Notre premier résultat révèle un déficit sensorimoteur de 27% dans le groupe dyslexique comparé à 5% dans le groupe des normolecteurs. En distinguant les dyslexiques avec ou sans atteintes sensorimotrices dans toutes nos expériences, il apparait que, seuls les étudiants dyslexiques avec comorbidité présentent une altération des représentations internes de l’action ainsi qu’une atteinte du rythme oro-facial. Ils présentent également une atteinte de la production articulatoire dans une tâche de diadococinésie, qui prédit en partie leur performance significativement moins bonne, dans une tâche de conscience phonémique. Ainsi, nous avons pu confirmer l’existence d’un profil sensorimoteur qui persiste chez les dyslexiques adultes et établir, pour la première fois, un lien entre le déficit phonémique et les déficits des représentations internes des actions articulatoires et corporelles. En se basant sur la comorbidité, cette thèse fournit de nouveaux arguments qui soutiennent la perspective d'approches de déficits multiples dans la dyslexie et soulève la pertinence d'explorer davantage les déficits sensorimoteurs au-delà des déficits phonologiques.

Sensorimotor disorders have been frequently reported in dyslexic children and adults. By integrating phonological and sensorimotor hypotheses into a common innovative framework, this thesis provided a unique opportunity to study sensorimotor comorbidity and its impact in dyslexia, by exploring the functional links between phonology and sensorimotor representations in young adults. For this purpose, we studied 100 dyslexic and normolearner students engaged in motor ideation, rhythm production, articulatory and phonemic manipulation tasks. Our first result revealed a sensorimotor deficit of 27% in the dyslexic group compared to 5% in the normoreader group. When distinguishing dyslexics with and without sensorimotor impairments in all our experiments, it appears that only dyslexic students with comorbidity show an alteration of internal representations of action and an impairment of orofacial rhythm. They also showed impairment of articulatory production in a diadokokinesis task, which partly predicted their significantly poorer performance in a phonemic awareness task. Thus, we were able to confirm the existence of a sensorimotor profile that persists in adult dyslexics and to establish, for the first time, a link between phonemic deficits and deficits in internal representations of articulatory and bodily actions. On the basis of comorbidity, this thesis provides new arguments that support the perspective of multiple deficit approaches in dyslexia and raises the relevance of further exploring sensorimotor deficits beyond phonological deficits.