Ecole Doctorale
Langues Lettres et Arts
Spécialité
ARTS : Arts plastiques
Etablissement
Aix-Marseille Université
Mots Clés
Présence,Expérience esthétique,Corps,Besoin,Capitalisme,Numérique
Keywords
Presence,Aesthetic experience,Body,Need,Capitalism,Digital studies
Titre de thèse
BESOIN DE PRÉSENCE
NEED FOR PRESENCE
Date
Samedi 27 Mars 2021 à 14:00
Adresse
29, avenue Robert Schuman
13621 Aix-en-Provence Cedex 01 Salle des colloques 1
Jury
Rapporteur |
M. Bernard LAFARGUE |
Université Bordeaux 3 Montaigne |
Rapporteur |
M. Jacinto TEIAS LAGEIRA |
Université Paris 1 Panthéon Sorbonne |
Directeur de these |
M. Alain CHAREYRE-MéJAN |
Aix-Marseille Université |
Examinateur |
Mme Carole TALON-HUGON |
Paris 12 Paris Est-Créteil |
Examinateur |
Mme Frédérique MALAVAL |
Université de Montpellier 3 Paul Valéry |
Résumé de la thèse
Dans ce que nous appelons monde contemporain, la présence des choses semble séloigner derrière toujours plus de médiations. Ce qui nous ferait dire à linstar de Hans Ulrich Gumbrecht dans Éloge de la présence, Ce qui échappe à la signification, que « la tendance contemporaine est à abandonner, ou même oublier, la possibilité dune relation au monde fondée sur la présence ». Le réel se morcelle et beaucoup semblent déplorer avec lapparition des TIC mais aussi avec lultra-capitalisme inhérent à nos sociétés occidentales une perte des fondements ontologiques de notre humanité (sa finitude, sa primauté sur la création ainsi que la présence une et indivisible du corps). Mais est-ce si sûr ?
Par « présence », nous entendons la définition quen donne Gumbrecht « Le terme de présence ne se réfère pas (du moins pas principalement) à une relation temporelle au monde et à ses objets, mais à une relation spatiale. Ce qui est présent doit être tangible au sens propre, ce qui implique la possibilité d'un impact immédiat sur le corps humain ». La négligence de la présence provoquée par une vision du monde ultra-capitaliste et hyper-médiatisée nen crée-t-elle pas le besoin ? Un « besoin de présence » inconscient qui pourrait se manifester dans lémergence de certaines pratiques, notamment artistiques, centrées sur lexpérience. Nous nous sommes alors demandés comment trouver la présence qui semble tant faire défaut à lère de la dématérialisation des concepts et des savoirs ? Lart nous en donne-t-il le mode demploi ? Dailleurs, la présence est-elle productible ? Est-elle un produit ? Ce qui en ferait une valeur marchande et consommable comme à lantithèse de ce qui semble en faire son essence.
Paradoxalement, lavènement de la présence semble concomitante de sa disparition. Ainsi, on a pu observer dans la création artistique, une présence accrue du corps intrinsèque à luvre. Depuis les années 1960-1970, se sont développées des formes artistiques qui ont généralisé lutilisation du corps (de lartiste, du spectateur) comme médium de luvre (performance, happening, body art
) dont on verra lextension et la reprise avec les pratiques liées aux arts numériques. Alors que certains y voient la disparition de luvre dart (comme objet), on peut penser lavènement de lexpérience à luvre comme le retour de la Présence. Dans une vision plus égalitaire de lart et avec un désir déchapper au « marché », certains artistes et certaines uvres ouvrent un nouveau champ des possibles. Un retour vers le réel est amorcé, nous nous souvenons que le corps comme la réalité sont des communs. Nous rompons ainsi avec lindividualisme comme forme hégémonique de vie. Plus encore, nous pouvons dire que toute esthétique est fondamentalement une esthétique de la présence et sarticule au besoin primordial que nous avons d éprouver la présence des choses, et plus largement de notre propre présence au monde, comme présence effective et tangible de lÊtre. Dans cette perspective, « le projet dune vie éthique sapparente à un exercice de vie esthétique » (R. Shusterman, LArt à létat vif. La pensée pragmatiste et lesthétique populaire). Le Corps devient un espace de résistance politique et lart le modèle propre à nous orienter vers « la vie bonne ».
Thesis resume
Gradually, in what we call the contemporary world, the presence of things seems to be hidden behind more and more mediations. This would prompt us to say what of Hans Ulrich Gumbrecht stated in Production of Presence. What meaning cannot convey, we might assume that the contemporary tendency is to abandon, or even forget, the possibility of a relation to the world based on the presence. Reality is coming apart and many people seem to regret a loss of deontological tenets inherent to our humanity its finite state, its primacy over creation and a presence that cannot be separated from ones body- due not only to the emergence of ICT but also to savage capitalism, a crucial part of our western societies. Is it really what has happened?
By presence we refer to Gumbrecht's very own definition: "The word "presence" does not refer to (at least not mainly to) a temporal connection to the world and to its objects but to a spatial connection to it. Something that is "present" must be palpable, which implies the possibility of an immediate impact on the human ". Does neglecting the presence fostered by an ultra capitalistic and hyper-mediatized world outlook creates its own need? Could his unconscious "need for presence" emerge from certain activities centered on experience such as Art? We then asked ourselves how to find a way, how to find a material connection that seems to be left apart in an era of dematerialisation of concepts and knowledge. Is Art the answer? By the bye can Art be mass-produced? Is it a product? If it were the case would it acquire value and would it be consumable? If it were true it would consequently be the antithesis of its own essence.
Paradoxically, the advent of the presence seems to coincide with its disappearance. In that respect, we've been able to witness an expansion in the use of the body inherently to the artwork in artistic creations. Ever since the 60s and 70s, art forms using the body (the artist, the observer) as a medium for the artwork (performances, happening, body art...) have emerged. We will later comment on the extensions and the re-emergence of those arts form, which have been generalised and even extended thanks to digital art. Whilst some consider it as the utter disappearance of the artwork (as an object), one can envisage the advent of the experience as the revival of the Presence. In a more egalitarian vision of art and a desire to escape the "market" place, some artists and artwork open new fields of possibilities. A return to the real has been initiated; we remember that the body, as well as reality, are common. We thus break from the individualism as a hegemonic way of life . One can go further by saying that each aesthetic form is fundamentally an aesthetic of presence and revolves around the primeval need that one had to test the presence of material things and more widely our own presence . As a matter of fact, those experiences illustrate our primary need to test the presence of things and, more broadly to test our own existence in the world, as an effective and tangible extension of our inner being. In this perspective "the project of an ethical life is akin to an exercise in aesthetic life" (R.Shusterman, Pragmatist Aesthetics. Living Beauty, Rethinking Art).
The body becomes a area of political resistance and art the only beacon to guide us towards a great life ie, a life thats worth living.