Ecole Doctorale

Sciences Economiques et de Gestion d' Aix - Marseille

Spécialité

Sciences Economiques - Aix-Marseille

Etablissement

Aix-Marseille Université

Mots Clés

Culture,Genre,Economie du développement,Economie de la famille,Economie politique,Micréconométrie appliquée,

Keywords

Culture,Gender,Development Economics,Household Economics,Political Economy,Applied Microeconometrics,

Titre de thèse

Trois Essais sur le Genre et l'Economie Culturelle
Three Essays on Gender and Cultural Economics

Date

Vendredi 28 Août 2020 à 16:00

Adresse

5-9 Boulevard Maurice Bourdet, 13001, Marseille 24

Jury

Directeur de these M. Christian SCHLUTER Aix Marseille Université
CoDirecteur de these Mme Roberta ZIPARO Aix-Marseille Université
Rapporteur M. Jean-Marie BALAND Université de Namur
Rapporteur Mme Alessandra VOENA Université de Chicago
Examinateur M. Nathan NUNN Harvard University
Examinateur M. Nicolas BERMAN Aix-Marseille Université

Résumé de la thèse

Cette thèse explore les effets de long-terme des normes ancestrales sur l’émancipation et le bien-être des femmes dans les pays en développement. Le 1er chapitre est intitulé « Position des Femmes dans les Sociétés Ancestrales et VIH chez les Femmes : l’Effet de Long-Terme de la Matrilinéalité en Afrique Sub-Saharienne ». En utilisant la variation intra-pays dans les types de structures familiales des groupes ethniques, je trouve que les femmes originaires de groupes ethniques ancestralement matrilinéaires sont aujourd’hui plus susceptibles d’être séropositives. Ce résultat est robuste à l’inclusion d’effets fixes infranationaux et d’un large ensemble de contrôles culturels, historiques, géographiques et environnementaux. Je trouve un résultat similaire en utilisant des stratégies d’estimation différentes, telle qu’une approche de discontinuité géographique de la régression, ou une stratégie de variable instrumentale. Le principal mécanisme explicatif est le suivant : les femmes matrilinéaires adoptent des comportements sexuels et de contraception plus à risque. Finalement, je construis un modèle épidémiologique et conduit une simulation permettant de comprendre comment les différences de comportements sexuels et de contraception trouvées entre les femmes matrilinéaires et patrilinéaires se traduisent en différentes dynamiques de transmission du VIH. Le 2e chapitre est intitulé « Normes Traditionnelles, Accès au Divorce et Emancipation des Femmes : Etude de Cas de l’Indonésie » et explore la manière dont les normes traditionnelles interagissent avec les politiques de développement visant à soutenir l’émancipation et le bien-être des femmes dans les pays en développement. Mes co-auteurs et moi-même examinons l’impact différencié de réformes légales sur le divorce et l’émancipation des femmes, en fonction de la norme traditionnelle de cohabitation post-mariage (matrilocalité et patrilocalité). Nous montrons théoriquement comment les femmes originaires de groupes ethniques matrilocaux répondent aux réformes, relativement aux femmes originaires de groupes ethniques patrilocaux. Nous confirmons ensuite empiriquement les prédictions du modèle avec une approche en double différences : nous trouvons que suite aux réformes les femmes matrilocales divorcent plus et, lorsqu’elles restent mariées, bénéficient d’une amélioration de leur bien-être et de leur pouvoir de décision au sein du ménage. Cette conclusion souligne le besoin de penser des politiques qui soient plus adaptées aux différents contextes culturels. Le 3e chapitre s’intitule « Emancipation des Femmes et Migration du Mari : Etude de Cas de l’Indonésie» et examine le lien entre la distribution du pouvoir de décision entre les époux et la décision de migrer seul du mari. Mes co-auteurs et moi-même utilisons une série de réformes qui ont augmenté de façon exogène le pouvoir de décision des femmes matrilocales, relativement aux femmes patrilocales. Nous trouvons que suite à ces réformes la propension à migrer seul des époux matrilocaux a augmenté de 2-3,4 points de pourcentage relativement aux époux patrilocaux, une augmentation de 41-76%. Ce résultat suggère que les femmes émancipées détiennent ex-ante le pouvoir de décision sur des aspects de la vie de famille qui sont difficiles à surveiller par le mari lorsqu’il migre seul. Ainsi, l’émancipation des femmes restaure de l’efficacité dans la décision de migration du mari, en réduisant l’asymétrie d’information anticipée et l’aléa moral associés à la migration. Nous montrons aussi que les ménages où les femmes sont plus émancipées sont davantage capables d’absorber les chocs liés aux catastrophes naturelles en envoyant un mari en migration. Nous trouvons également que parmi les ménages ayant un mari migrant, les ménages matrilocaux se retrouvent en meilleure posture que les ménages patrilocaux. Pour conclure, nous élaborons un cadre théorique afin de rationaliser les mécanismes intra-ménages se trouvant derrière ces résultats.

Thesis resume

This thesis explores the long term effects of ancestral norms on contemporaneous outcomes, in the context of developing countries, with a specific focus on gender related outcomes. The 1st chapter is entitled « Women’s Position in Ancestral Societies and Female HIV: The Long-Term Effect of Matrilineality in Sub-Saharan Africa » and explores the long-term effect of matrilineality on contemporaneous female HIV in Sub-Saharan Africa. Using within Sub-Saharan African countries variation in ethnic groups’ ancestral kinship organizations, I find that females originating from ancestrally matrilineal ethnic groups are today more likely to be infected by HIV. This finding is robust to the inclusion of subnational fixed effects, as well as a large set of cultural, historical, geographical, and environmental factors. I find consistent results using a number of alternative estimation strategies, including a geographic regression discontinuity design at ethnic boundaries and an instrumental variable strategy. Matrilineal females’ riskier sexual and contraceptive behaviours constitute the main explanatory mechanisms. Building an epidemiological model, I simulate how these differences in sexual and contraceptive behaviours translate into different gender-specific HIV rates dynamics. The 2nd chapter is entitled «Traditional Norms, Access to Divorce and Women’s Empowerment: Evidence from Indonesia » and explores how cultural norms and development policies interact in shaping women’s empowerment and well-being in developing countries. My co-authors and I examine this question in the context of legal reforms and their differentiated impact on divorce and empowerment across traditional modes of post-marital cohabitation. We theoretically establish how women originating from matrilocal ethnic groups should respond to the reform compared to those from patrilocal ethnicities. We confirm the model predictions using a panel difference-in-difference approach: the former divorce more and, when in stable marriages, experience a significant improvement in well-being and empowerment. This conclusion calls for better tailored policies that can transcend cultural contexts and overcome the adherence to informal laws. The 3rd paper is entitled « Women’s Empowerment and Husband’s Migration: Evidence from Indonesia » and examines the link between the distribution of power in marriage and the decision to split-migrate (one spouse migrates alone) in Indonesia. My co-authors and I exploit a national policy experiment that has exogenously increased women’s bargaining power among ethnic groups of matrilocal tradition relative to patrilocal groups. We find that the propensity of matrilocal husbands to split-migrate, relative to patrilocal husbands, increases by 2-3.4 percentage points, i.e. a rise of 41-76%, following the reform. We suggest that empowered women may have ex-ante gained control over outcomes that are costlier to monitor for husbands when they migrate. Hence, empowerment restores some efficiency in migration decisions by reducing the anticipated information asymmetry and the moral hazard associated with migration. Consistently, we show that households with empowered women are more able to cushion shocks due to natural disasters and, among all households experiencing split-migration, matrilocal women are better off than their patrilocal counterparts. We provide a theoretical framework that rationalizes the intra-household mechanisms behind these intuitions.