Ecole Doctorale
Sciences de la Vie et de la Santé
Spécialité
Biologie-Santé - Spécialité Neurosciences
Etablissement
Aix-Marseille Université
Mots Clés
Effets de transfert,Musiquee,Langage,Entraînement perceptif,Perception auditive,Fonctions cognitives
Keywords
Transfer effects,Music,Language,Perceptual learning,Auditory perception,Cognitive functions
Titre de thèse
Pratique musicale et effets de transfert : de la perception à la cognition
Musical practice and transfer effects: from perception to cognition
Date
Lundi 16 Décembre 2019 à 14:30
Adresse
3, place Victor Hugo
13331 Marseille Salle des Voûtes
Jury
Directeur de these |
Mme Mireille BESSON |
Aix-Marseille Université |
Rapporteur |
M. Hervé PLATEL |
Université de Caen |
Examinateur |
Mme Frédérique FAïTA |
Université de Bordeaux |
Examinateur |
M. Daniele SCHöN |
Aix-Marseille Université |
Examinateur |
Mme Sophie DONNADIEU |
Université Savoie Mont Blanc |
Rapporteur |
M. Antoni RODRIGUEZ-FORNELLS |
Universitat de Barcelona |
Résumé de la thèse
La pratique musicale exerce une influence positive sur le cerveau à différents niveaux, que ce soit sur des processus « bas-niveau » comme la perception ou sur des fonctions cognitives de plus « haut-niveau » comme lattention, la mémoire, ou encore le traitement du langage. En particulier, les résultats de plusieurs études ont montré que les musiciens apprennent mieux le sens de nouveaux mots dans une langue étrangère que les personnes nayant jamais pratiqué la musique. Dans la première partie de mon travail de thèse, jai essayé de comprendre dans quelle mesure ces résultats dépendent dune meilleure perception auditive. Jai testé lhypothèse en cascade, selon laquelle une meilleure perception auditive chez les musiciens améliorerait lapprentissage du sens de nouveaux mots en permettant de catégoriser plus efficacement les sons du langage et ainsi de leur associer plus facilement un sens. Afin de tester la causalité, jai utilisé une approche longitudinale, en entrainant des adultes non-musiciens pendant plusieurs jours sur une tâche psychoacoustique de discrimination de hauteur (ou dintensité pour le groupe de contrôle) de sons harmoniques complexes (non-langagiers). Les participants ont ensuite été testés dans une tâche de catégorisation phonologique de mots porteurs de variations tonales, ainsi que sur lapprentissage du sens de ces mots. Les résultats montrent quaprès seulement trois heures dentraînement psychoacoustique, les seuils de discrimination étaient spécifiquement plus bas pour le paramètre entraîné (la hauteur ou lintensité). De plus, les participants entraînés à discriminer la hauteur des sons harmoniques catégorisaient plus vite les mots selon leur hauteur, et apprenaient mieux le sens de ces mots, comme montré par des pourcentages derreurs plus bas et des composantes N400 plus amples que dans le groupe de contrôle. Ces résultats vont dans le sens de lhypothèse en cascade, et sont à ma connaissance les premiers montrant que quelques heures dentraînement perceptif sur des sons harmoniques non-langagiers influencent de manière causale la catégorisation et lapprentissage du sens de nouveaux mots. Ces résultats sont discutés dans le cadre des effets de transfert, proches et lointains, de lentraînement musical sur les processus cognitifs.
Dans la deuxième partie de mon travail de thèse, jai évalué les effets dun programme dapprentissage musical en milieu scolaire (programme Démos) mis en place par la Philharmonie de Paris, sur les fonctions cognitives denfants issus de milieux socio-économiques très modestes, qui présentent généralement un retard par rapport à la norme. Jai eu lopportunité de mener une étude longitudinale et dévaluer différentes fonctions cognitives chez des enfants de quartiers défavorisés de Marseille avant et 18 mois après quils commencent leur apprentissage musical. Lutilisation de tests standardisés et la normalisation des scores ont permis de comparer lévolution des enfants du programme Démos à celle denfants du même âge issus de la population générale. Les résultats montrent quaprès 18 mois dapprentissage musical, les scores de musicalité, dintelligence générale, ainsi que les capacités attentionnelles et de lecture étaient améliorées, comparés à avant lapprentissage musical. Ces résultats, en accord avec ceux détudes précédentes, démontrent limpact positif dun programme dapprentissage musical en milieu scolaire sur le développement cognitif denfants issus dun milieu modeste. Ils soulignent encore une fois limportance de développer de tels programmes, en particulier dans les quartiers défavorisés.
Les études réalisées lors de mon travail de thèse, avec des méthodes et des populations différentes, sont complémentaires : elles permettent de mieux comprendre, grâce à une approche longitudinale, les effets de transfert de la pratique musicale vers différentes fonctions cognitives.
Thesis resume
Musical practice positively influences brain functioning at various levels, from low-level perceptual processes to higher level cognitive functions, like attention, memory, and language processing. Recently, musical expertise has also been shown to influence high-level speech abilities such as novel word learning. The first study conducted for my PhD work aimed at understanding why this is the case by determining whether low-level enhanced perceptual skills causally drive successful novel word learning. We tested the cascading hypothesis, following which increased perceptual abilities in musicians drive the influence of music training on higher language processes. Specifically, we suggested that better auditory perception improves categorization of non-native speech sounds and facilitates association to a meaning. To test this hypothesis, we used a longitudinal approach with psychoacoustic procedures to train two groups of adult non-musicians for several days, either on pitch discrimination or on intensity discrimination (control group), using harmonic complex sounds. Participants were then tested on tone word categorization and learning. After a short psychoacoustic training (total = 3 hours), discrimination thresholds were lower on the specific feature (pitch or intensity) that was trained. Moreover, participants trained on pitch were faster to categorize words varying on pitch and were more efficient in learning the meaning of these novel words, as shown by lower error rates and larger N400 components, than participants trained on intensity. These results are in line with the cascading hypothesis and, to our knowledge, provide the first evidence that enhanced perception of relevant features through a few hours of acoustic training with harmonic non-speech sounds causally impacts the categorization of speech sounds as well as novel word learning. These results are discussed within the framework of near and far transfer effects from music training to cognitive processes.
The second study of my PhD work, aimed at evaluating the impact of a classic music training program in school-setting (Démos), implemented by the Philharmonie de Paris, on several aspects of the cognitive development of children from low socio-economic backgrounds. We had the opportunity to set up a longitudinal study to evaluate, with standardized tests, several cognitive functions in children from disadvantaged areas of Marseille, before and 18 months after they started to practice a musical instrument. We hypothesized that musical practice would improve the cognitive development of these children who often perform below the norm. We were specifically interested to test general intelligence, phonological awareness and reading abilities, as well as other cognitive abilities that may be improved by music training such as auditory and visual attention, working and short-term memory and visuomotor precision. To examine pre-to-post training improvements while discarding maturation and developmental effects, raw scores for each child and for each test were normalized relative to their age group. Results showed that Démos music training improved musicality and general intelligence scores, as well as concentration abilities and reading precision. In line with previous results, these findings demonstrate the positive impact of an ecologically valid music training program on the cognitive development of children from low socio-economic backgrounds. They strongly encourage the broader implementation of such programs in disadvantaged school-settings.
The studies conducted for my PhD work, with different methods and populations, are complementary: thanks to a longitudinal approach, they allow to better understand transfer effects from musical practice to cognitive functions.