Ecole Doctorale

Sciences de la Vie et de la Santé

Spécialité

Biologie-Santé - Spécialité Recherche Clinique et Santé Publique

Etablissement

Aix-Marseille Université

Mots Clés

Cancer,douleur,accès,opioïdes,sous-traitement,soins palliatifs

Keywords

cancer,pain,access,opioids,undertreatment,palliative care

Titre de thèse

Accès aux traitements de la douleur après un diagnostic de cancer
Access to pain treatments after a cancer diagnosis

Date

Friday 15 November 2019

Adresse

Faculté des Sciences Médicales et Paramédicales secteur Timone (Aix-Marseille Université) 27 Boulevard Jean Moulin, 13385 Marseille Salle 2

Jury

Directeur de these M. Patrick PERETTI-WATEL Inserm, IRD, VITROME
CoDirecteur de these M. Marc-Karim BENDIANE Inserm, SESSTIM
Examinateur M. Lionel DANY Laboratoire de Psychologie Sociale (EA 849)
Examinateur M. Thierry DELORME Pôle Neurosciences Vieillissement Médecines et Société, CHU Angers
Rapporteur Mme Virginie RINGA INSERM UMR1018, CESP Villejuif
Rapporteur Mme Sophie LAUZIER Faculté de pharmacie, Université Laval

Résumé de la thèse

La douleur est l’un des symptômes du cancer les plus fréquents et les plus délétères. Elle peut avoir un impact significatif sur la qualité de vie des patients, physiquement, psychologiquement, socialement et spirituellement. Son contrôle constitue donc une composante principale des soins de support et des soins palliatifs qui doivent se poursuivre au-delà de la phase curative, quel que soit le pronostic de la maladie, et tenir compte des besoins et des préférences des patients. Les directives les plus généralement utilisées pour le traitement de la douleur cancéreuse sont celles établies par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comprenant une échelle antalgique de trois paliers et visant à standardiser le traitement de la douleur (les antalgiques non-opioïdes, les opioïdes de palier II et les opioïdes de palier III). Cependant, malgré la mise en place de plusieurs recommandations y compris celles de l’OMS, la douleur cancéreuse reste dans la majorité des cas, sous-déclarée, sous-évaluée et sous-traitée. Ce sous-traitement demeure un problème récurrent chez les personnes atteintes de cancer, particulièrement mesurable dans l’accès aux opioïdes. De plus, le traitement de ce symptôme peut être différent en fonction des caractéristiques des patients et des soignants telles que l'âge, le genre, entre autres, générant un accès inégal aux traitements pour certaines populations vulnérables (i.e. les femmes et de personnes âgées). Afin de pallier le manque de données, cette thèse vise, à travers deux approches quantitative et qualitative, à enrichir le corpus de connaissances sur la problématique du sous-traitement de la douleur chez les personnes diagnostiquées d’un cancer et à explorer le rôle des déterminants sociaux et médicaux dans l’accès au traitement de ce symptôme. Les analyses quantitatives réalisées dans le cadre de cette thèse reposent sur trois sources de données françaises : l’enquête nationale VICAN 5, l’enquête régionale PANEL des médecins généralistes et la COHORTE CANCER. Afin de compléter ce travail et de mieux explorer le rôle des déterminants culturels et religieux dans l’accès au traitement de la douleur et aux soins palliatifs, une enquête qualitative exploratoire a été mise en place auprès de médecins impliqués dans la prise en charge des patients cancéreux au Maroc, pays où la religion musulmane est dominante. En accord avec la littérature, les résultats montrent une prévalence de la douleur toujours élevée chez les patients atteints de cancer, cinq ans après un diagnostic, probablement en raison d’un sous-traitement par les opioïdes. De plus, Ils montrent des associations significatives entre certaines caractéristiques sociales, démographiques et médicales des patients et l’accès aux opioïdes et aux soins palliatifs. D’autre part, principalement en raison du faible effectif des médecins interrogés, l’enquête exploratoire menée au Maroc ne révèle aucun lien entre le traitement de la douleur et les caractéristiques des patients, mais confirme les difficultés rencontrées au Maroc en matière d’accès aux traitements et aux soins. En guise de conclusion, nos résultats suggèrent la nécessité d’intensifier les efforts pour améliorer, voire même modifier, les pratiques actuelles en ce qui concerne la prise en charge de la douleur après un diagnostic de cancer, car le caractère complexe et multidimensionnel de ce symptôme nécessite une appréhension globale et multidisciplinaire dans le cadre d’une approche centrée sur le patient. De plus, la connaissance et la prise en compte des caractéristiques des patients présentant un risque élevé de sous-traitement, associées à une communication appropriée entre les soignants et les patients, sont indispensables pour promouvoir une prise en charge appropriée de la douleur et un accès équitable aux différentes stratégies de traitement tout au long de la trajectoire de la maladie.

Thesis resume

Pain is one of the most common and deleterious symptoms of cancer. It can have a significant impact on patients’ quality of life, physically, psychologically, socially and spiritually. It is therefore an essential component of supportive care and palliative care that should continue beyond the curative phase; regardless of the prognosis of the disease while taking into account the needs and preferences of patients. The most commonly used guidelines for the treatment of cancer pain are those established by the World Health Organization (WHO), which includes a three-step analgesic ladder aiming at standardizing the treatment of pain (non-opioids analgesics, step II opioids and step III opioids). However, despite the implementation of several guidelines, including those of the WHO, cancer pain remains most of time under-reported, under-assessed and undertreated. This undertreatment remains a recurring problem in people with cancer, particularly measurable in access to opioids. In addition, the treatment of this symptom may be different depending on patients’ and healthcare providers’ characteristics such as age, gender, among others, generating unequal access to treatment for certain vulnerable populations (e.g. women and elderly). To overcome the lack of data, this thesis aims, through two quantitative and qualitative approaches, to enrich the body of knowledge on the problem of pain undertreatment in people with cancer and to explore the role of social and medical determinants in access to the treatment of this symptom. The quantitative analyzes carried out in this work are based on three French data sources: the national survey VICAN 5, the regional survey of general practitioners PANEL and the CANCER COHORT. In order to complete this work and to explore the role of cultural and religious determinants in access to pain treatment and palliative care, a qualitative exploratory study was conducted among physicians involved in the management of cancer in Morocco, Muslim country. Consistent with the literature, the results show a high prevalence of pain in patients with cancer five years after diagnosis, probably due to an under-treatment by opioids. In addition, they show significant associations between patients’ social, demographic and medical characteristics and both access to opioids and palliative care. On the other hand, mainly due to the small number of the interviewed physicians, the exploratory survey conducted in Morocco reveals no link between pain treatment and patients’ characteristics, but confirms the substantial difficulties encountered in Morocco in terms of access to treatment and care. In conclusion, our findings suggest the need to intensify efforts to improve and to adjust existing practices for pain management after a cancer diagnosis, since the complex and the multidimensional nature of cancer pain requires a global and multidisciplinary apprehension within a patient-centered approach. In addition, knowledge and consideration of the characteristics of patients at high risk of undertreatment, associated with an effective communication between patients and healthcare providers, are essential to enhance both appropriate pain management and equitable access to different treatment strategies throughout the disease trajectory.