Soutenance de thèse de Sileye Mamadou DIALLO

Le paludisme affecte annuellement près de 228 million de personnes emportant plus de 400 000 décès dans le monde. La résistance de Plasmodium falciparum aux antipaludiques est une des causes majeures liées à la mortalité associée au paludisme. En Mauritanie, la région sud-est porte le plus lourd fardeau du paludisme où la transmission est saisonnière et intense. Dans cette région, la prévalence de résistance de P. falciparum aux antipaludiques est en augmentation. Cette étude a été réalisée durant 3 années consécutives (2015, 2016 et 2017) chez 2326 sujets présentant des fièvres à suspicion palustre venant en consultation au centre de santé de Kobeni. A l’aide d’outils épidémio-moléculaires, le profil épidémiologique du paludisme, la diversité génétique des populations de P. falciparum et le niveau de résistance de P. falciparum aux antipaludiques ont été investigués dans cette région frontalière avec le Mali. Des 2326 sujets inclus, la prévalence du paludisme par test du diagnostic rapide (TDR), microscopie et PCR était de 53,0%, 49,3% et 59,7%, respectivement. Des 1361 cas positifs à la PCR, 1 205 (88,5 %) étaient dus à des monoinfections à P. falciparum et 47 (3,5 %) à P. vivax. Chez 100 (7,3 %) patients, l’infection mixte à P. falciparum-P. vivax ont été détectée. Quelques cas (n = 10 ; 0,7 %) de P. malariae, seul ou en association avec P. falciparum et/ou P. vivax, ont également été observés parmi les échantillons positifs à la PCR. La diversité génétique moyenne attendues, soit « expected heterozygosity » He, était respectivement 0,75 en 2015, 0,75 en 2016, 0,78 en 2017, ce qui suggère une diversité génétique élevée chez les populations de P. falciparum à Kobeni. La prévalence de l’haplotype mutant CVIET du gène Pfcrt, associé à la chloroquino-résistance et, à un moindre degré, à la résistance à l’amodiaquine, était de 45,2%. Le codon 86 et le codon 184 du gène Pfmdr1, associés à la résistance à l’amodiaquine et à la luméfantrine, étaient mutés, respectivement, chez 10,8% et 54% d’isolats. Aucune mutation du gène Pfk13 associée à la résistance à l’artémisinine n’a été décelée à Kobeni. La morbidité, la diversité génétique et le niveau de résistance de P. falciparum aux antipaludiques classiques (chloroquine et amodiaquine) sont très élevées mais il n’y avait aucune indication en faveur d’une résistance à l’artémisinine et ses dérivés. Il est cependant nécessaire de consentir des efforts pour lutter efficacement contre cette maladie en vue de son élimination dans la région.

Malaria affects nearly 228 million people annually, killing more than 400,000 people worldwide Resistance of Plasmodium falciparum to antimalarials is one of the major causes of mortality associated with malaria. In Mauritania, the southeast region,where transmission is seasonal and intense, carries the heaviest burden of malaria. In this region, the prevalence of resistance of P. falciparum to antimalarials is increasing. This study was carried out for 3 consecutive years (2015, 2016, and 2017) in 2326 subjects with fever suspected to be due to malaria consulting at Kobéni health center. Using epidemiological and molecular tools, the epidemiological profile of malaria, the genetic diversity of populations of P. falciparum, and the level of resistance of P. falciparum to antimalarials were investigated in this region bordering Mali. Of 2326 subjects included, the prevalence of malaria by rapid diagnostic test (RDT), microscopy, and PCR was 53.0%, 49.3% and 59.7%, respectively. Of 1361 PCR-positive cases, 1,205 (88.5%) were due to monoinfections with P. falciparum and 47 (3.5%) due to to monoinfections with P. vivax. In 100 (7.3%) patients, mixed P. falciparum-P.vivax infections were detected. A few cases (n = 10; 0.7%) of P. malariae, alone or in combination with P. falciparum and/or P. vivax, were also observed among PCR-positive samples. The average expected heterozygosity was 0.75 in 2015, 0.75 in 2016, and 0.78 in 2017, respectively, suggesting high genetic diversity in P. falciparum populations at Kobeni. The prevalence of the CVIET mutant haplotype of Pfcrt gene, associated with chloroquine resistance and, to a lesser extent, resistance to amodiaquine, was 45.2%. Codon 86 and codon 184 of Pfmdr1 gene, associated with resistance to amodiaquine and lumefantrine, were mutated in 10,8% and 54% of isolates, respectively. No mutation in Pfk13 gene associated with artemisinin resistance was observed in Kobeni. The morbidity, genetic diversity, and level of resistance of P. falciparum to conventional antimalarials (chloroquine and amodiaquine) are very high, but there was no indication for resistance to artemisinin and its derivatives. However, efforts are needed to effectively control this disease for its elimination in the region.