Ecole Doctorale

ESPACES, CULTURES, SOCIETES - Aix Marseille

Spécialité

Histoire de l'art

Etablissement

Aix-Marseille Université

Mots Clés

peinture,Chypre,commande,peintres,Lusignan,donateurs

Keywords

patrons,Cyprus,Lusignan,painters,multicultural,painting

Titre de thèse

Commanditaires et peintres à Chypre sous les Lusignan (1192-1474) : images d’un royaume multiculturel
Patrons and Painters in Cyprus During the Lusignan Rule (1192-1474): Images of A Multicultural Kingdom

Date

Vendredi 18 Octobre 2019 à 13:00

Adresse

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme 5, rue du Château de l'horloge, BP 647, 13094 Aix-en-Provence, France Georges Duby

Jury

Directeur de these Mme Véronique FRANCOIS CNRS
Rapporteur Mme Ioanna RAPTI École Pratique des Hautes Études
Rapporteur M. Tassos PAPACOSTAS King's College, London
CoDirecteur de these M. Andréas NICOLAïDèS Aix-Marseille Université
Examinateur Mme Maria PARANI University of Cyprus
Examinateur M. Gilles GRIVAUD Université de Rouen
Examinateur M. Andréas HARTMANN-VIRNICH Aix-Marseille Université

Résumé de la thèse

Cette thèse de doctorat porte sur la peinture réalisée à Chypre sous le règne des Lusignan (1192-1474). Elle est le résultat de recherches bibliographiques et d’observations menées sur le terrain. Le sujet est abordé à travers le phénomène de la commande, un angle d’approche qui permet de pénétrer le processus de fabrication des œuvres. Un catalogue (vol. 2) réunit, pour la première fois, les peintures à fresque et sur bois qui intègrent des portraits et des inscriptions à caractère dédicatoire, votif et commémoratif, ainsi que des blasons armoriés. Ces œuvres sont réalisées entre 1192, lorsque Guy de Lusignan entre en possession de Chypre, et 1474, l’année durant laquelle Catherine Cornaro, veuve du roi Jacques II, doit accepter la tutelle de Venise. Certaines peintures que nous étudions sont inédites ou seulement mentionnées brièvement dans l’historiographie. Notre recherche considère l’ensemble des commandes picturales de la société chypriote, sans se limiter à un groupe communautaire ou à une classe sociale en particulier. Cette approche, fidèle à la réalité historique, convient particulièrement à un environnement multiculturel au sein duquel les individus vivent en constantes interactions. Implanté dans une ancienne province byzantine à l’époque des croisades, le royaume des Lusignan, qui devient le dernier État latin d’Orient, réunit en effet des Grecs, des Latins et des chrétiens orientaux. Certains sanctuaires reçoivent des commandes picturales de personnes de différentes confessions et issues de milieux sociaux variés. D’anciens monastères byzantins accueillent autant l’élite grecque et latine que des paysans grecs. Entre le temps des croisades et le début de l’époque moderne, les orientations politiques et culturelles du royaume de Chypre se reflètent dans sa production picturale. Son étude permet de retracer l’évolution de cette puissance franque de Méditerranée. De l’installation des Francs en 1192 à la veille de la disparition des États latins de Terre sainte dans le troisième quart du XIIIe siècle, les commandes révèlent une absence de rupture avec la période byzantine. Des changements apparaissent lorsque l’île devient le refuge d’une population hétérogène originaire de Syrie-Palestine qui fuit les conquêtes mameloukes du dernier quart du XIIIe siècle. Si la tradition byzantine se poursuit, les apports du Levant deviennent prédominants. Enfin, entre le XIVe siècle et la fin du règne des Lusignan (1474), les commandes picturales s’enrichissent d’apports paléologues et occidentaux et se caractérisent par un éclectisme singulier. En somme, l’étude de la peinture du royaume de Chypre permet à la fois d’appréhender les interactions artistiques entre des cultures différentes et de remettre en question les divisions souvent artificielles qui ont été dressées entre les arts de l’Orient et ceux de l’Occident.

Thesis resume

This doctoral thesis focuses on art in Cyprus during the Lusignan period (1192-1474). It is the result of bibliographic research and fieldwork. The subject is approached through the phenomenon of patronage, which allows us to probe the artworks’ conception. A catalogue (vol. 2) brings together, for the first time, frescoes and panel paintings that include portraits and inscriptions of a dedicatory, votive and commemorative nature, as well as coats of arms. These works of art were executed between 1192, when Guy de Lusignan took possession of Cyprus, and 1474, when Catherine Cornaro, widow of King James II, had to accept the tutelage of Venice. Some of the paintings studied are unpublished or only briefly mentioned in the literature. Our research considers all the commissioned paintings of Cypriot society, irrespective of the patrons’s community affiliation or social position. This approach, closest to the historical reality, is particularly suitable for a multicultural environment in which persons live in constant interaction. Established in an ancient Byzantine province during the Crusades, the Lusignan kingdom, which became the last Latin state in the East, brought together Greeks, Latin and Eastern Christians. Some shrines received paintings commissioned by people of different faiths and social backgrounds. Ancient Byzantine monasteries host both the Greek and Latin elite and Greek peasants. Between the time of the Crusades and the beginning of the modern era, the political and cultural orientations of the Kingdom of Cyprus are reflected in its pictorial production. Its study makes it possible to track the evolution of this Frankish state of the Mediterranean Sea. From the establishment of the Franks in 1192 to the eve of the Crusader States of the Holy Land’s fall in the third quarter of the 13th century, the commissioned paintings manifest no break with the Byzantine period. Change is attested when the island became the refuge for numerous and heterogeneous populations from Syria and Palestine that fled the Mamluk invasions of the last quarter of the 13th century. Although it was still rooted in the Byzantine artistic style, the Levantine contribution become predominant. Finally, between the 14th century and the end of the Lusignan period (1474), the commissioned paintings were enriched by Palaiologan and Western elements and were characterised by a unique eclecticism. In short, the study of painting in the Kingdom of Cyprus allows us to both understand the artistic interactions between different cultures and to question the often artificial divisions that have been instigated between Eastern and Western art.