Ecole Doctorale

ESPACES, CULTURES, SOCIETES - Aix Marseille

Spécialité

anthropologie

Etablissement

Aix-Marseille Université

Mots Clés

Moustique tigre (Aedes albopictus),Maladies émergentes à transmission vectorielle,Perceptions individuelles,Mobilisation sociale,Politique sanitaire préventive,Sud de la France,

Keywords

Tiger mosquito (Aedes albopictus),Emerging vector-borne diseases,Individual perceptions,Social mobilization,Health promotion policy,South-East France,

Titre de thèse

Perceptions individuelles et mobilisations collectives autour du moustique Aedes albopictus dans le Sud de la France : anthropologie des politiques sanitaires de prévention
Individual perceptions and collective mobilization about Aedes albopictus mosquitoes in South-East France: anthropology of health promotion policies.

Date

Vendredi 21 Décembre 2018 à 14:00

Adresse

CEREGE Bâtiment Pasteur Technopôle de l'Arbois-Méditerranée Avenue Louis Philibert BP80 13545 Aix-en-Provence Salle 205

Jury

Directeur de these M. Daniel BLEY UMR ESPACE (7300) CNRS
CoDirecteur de these M. Jean-François GUéGAN IRD
Rapporteur M. Marc-Eric GRUéNAIS Université de Bordeaux
Rapporteur M. Jocelyn RAUDE EHESP
Examinateur Mme Sandrine MUSSO Aix-Marseille Université

Résumé de la thèse

Le moustique Aedes albopictus ou moustique tigre, potentiellement vecteur de virus tels que la dengue, le Chikungunya ou le Zika est présent dans une quarantaine de départements français de métropole. L’expérience de l’épidémie de Chikungunya survenue en 2005 à l’Ile de la Réunion et sa médiatisation, ainsi que les cas et foyers autochtones de dengue et de Chikungunya enregistrés sur le continent européen et en France métropolitaine depuis une dizaine d’années, confirment l’intérêt des autorités d’anticiper le risque à l’échelle de la métropole par l’adoption de stratégies collectives de réduction des risques vectoriels. Ces stratégies évoluent vers des techniques alternatives aux insecticides et impliquent de façon croissante l’action les populations dans la lutte anti-vectorielle. Ce travail s’appuie sur une ethnographie des interactions entre les agents d’une collectivité locale et des riverains de la communauté d’agglomération Var-Esterel-Méditerranée (CAVEM), ainsi que sur une série d’entretiens semi-directifs réalisés auprès d’acteurs institutionnels et d’administrés de la Ville de Nîmes. Les deux territoires étudiés sont exposés à la nuisance liée au moustique tigre et ont fait l’expérience du risque sanitaire lié à ce vecteur avec le recensement de cas de Chikungunya à Fréjus en 2010 et d’un foyer de sept cas de dengue à Nîmes en 2015. A partir de l’analyse des discours et des pratiques des acteurs institutionnels locaux et des usagers, ce travail propose une analyse des perceptions à la fois de la nuisance liée aux moustiques, des risques sanitaires associés à Aedes albopictus, ainsi que des mesures mises en œuvre à titre individuel et collectif, à visée préventive ou dans le cadre de la lutte antivectorielle lors de la circulation locale du virus. Cette thèse entend démontrer en quoi la lutte contre Aedes albopictus et la promotion de la mobilisation sociale à l’échelle institutionnelle locale relèvent moins d’enjeux strictement sanitaires que plus largement politiques et en particulier de priorisation de l’agenda politique local. Nous analysons à cet effet, en quoi la dimension sanitaire du problème est utilisée comme un argument justifiant l’action ou l’inaction locale en matière de mobilisation sociale autour du moustique tigre, et non comme un motif initial d’action. De même, nous expliquons comment les choix opérés à l’échelle locale de l’action publique en matière de lutte contre Aedes albopictus influencent les rapports entre la figure de l’autorité publique locale (l’élu, l’agent territorial) et celle du riverain. L’enjeu plus général que nous discutons est de savoir si l’implication institutionnelle locale en matière de lutte contre le moustique tigre est révélatrice d’identités de territoire et préfigure des inégalités territoriales et plus largement sociales en termes d’accès à l’information, de prévention vis-à-vis des risques sanitaires et de qualité de vie des populations.

Thesis resume

The mosquito Aedes albopictus, known as tiger mosquito, is the potential vector of different viruses, such as dengue, Chikungunya and Zika, and is present in about 40 departments of mainland France. The experience of the Chikungunya epidemic at Réunion Island in 2005 and its media coverage, as well as the cases and the autochthonous clusters of dengue fever and Chikungunya recorded on the European continent and in mainland France in the last 12 years confirm the authorities’ interest in anticipating this problem in mainland France by adopting collective strategies to reduce the risk linked to the vector. These strategies are moving towards alternatives to insecticides that involve progressively the action of the populations in the fight against disease vectors. The work of this thesis is based on the ethnography of the interactions between the local authority agents and the local residents of the communauté d’agglomération Var-Esterel-Méditerranée (CAVEM; Var-Esterel-Méditerranée urban area community), as well as on a series of semi-structured interviews with institutional players and citizens of the city of Nîmes. In the two areas under study (CAVEM and Nîmes), tiger mosquitoes are a nuisance and represent a health risk, as indicated by the record of Chikungunya cases at Fréjus in 2010 and of a cluster of seven cases of dengue fever at Nîmes in 2015. Starting from the analysis of the words and actions of the local institutional players and users, this work proposes an investigation of the perceptions concerning the mosquito nuisance and health risks associated with Aedes albopictus, as well as of the individual and collective measures implemented in the framework of the prevention or of the fight against this vector in the case of local circulation of the virus. This thesis work wants to show how the fight against Aedes albopictus and the promotion of social mobilization at the local scale are less related to strict health issues and more broadly to political issues, particularly the local political agenda priorities. To this end, we analysed how the health dimension of the problem is used as an argument to justify the local action or inaction concerning the social mobilization around the tiger mosquito, and not as the initial motive for the action. Similarly, we explain how the local choices of public action in terms of fight against Aedes albopictus influence the relationships between local public authorities (elected representative, local agents) and citizens. The more general issue we discuss is to understand whether the local institution implication in the fight against tiger mosquitoes reveals local identities and foreshadow local and also more general social inequalities in terms of access to information and prevention of health risks and quality of life of the populations.