Soutenance de thèse de Céline DESMOULINS

Cette thèse s’interroge sur pourquoi et comment les avantages portés par la réputation peuvent être source de valeur pour l'attractivité des territoires. Dans cet objectif, nous rappellerons le contexte actuel des territoires français, dont les diverses lois de décentralisation successives ont accru le périmètre de compétences (Marcou, 2016). Les institutions gérant ces territoires sont soumises à un besoin d’efficience, mais elles aussi doivent faire face à une perte de confiance de la part de leurs administrés qui la jugent inapte à répondre à leurs besoins quotidiens (Boisvert, 2002). Un contexte difficile auquel s’ajoute un besoin de compétitivité accrue par les progrès des transports, afin d’attirer et de conserver des habitants, des touristes et des entreprises. Ainsi, afin de gérer au mieux les ressources (matérielles ou immatérielles (Penrose, 1955)) que le territoire possède un nouveau mode de management a été instauré, appelé management territorial stratégique (Casteigts, 2003). Parmi ces ressources, la réputation, ressource très stratégique pour les entreprises (Black & Boal, 1994), apparaît comme sous-exploitée de la part des gestionnaires territoriaux. Pourtant face aux actions des gestionnaires et aux difficultés qu'ils rencontrent, la réputation pourrait constituer une ressource stratégique pour les territoires s’ils s’en saisissaient (Gumuchian & Pecqueur, 2007). L’observation des pratiques et des outils de gestion à destination de cette ressource – d’un point de vue théorique ou empirique - dénote d’un manque conceptuel et fonctionnel. Aussi, en nous appuyant sur la théorie des ressources et sur le concept de ressource territoriale, nous proposons un modèle en vue de la mobilisation (révélation et activation). Pour mieux cerner, son application possible au territoire, nous réalisons des entretiens auprès d'experts de l’attractivité territoriale. La nature subjective de la réputation territoriale rend ces mécanismes générateurs inaccessibles, et seules sont observables ses conséquences. En définissant la réputation comme la perception des acteurs des comportements passés de l’organisation, aboutissant à une évaluation collective présupposant des comportements futurs de cette même organisation nous pouvons mesurer ses conséquences : l’évaluation. Dans cet objectif, nous construisons une échelle de mesure en mobilisant une technique de crowdsourcing : la sagesse de la foule (Renault, 2013). Si le paradigme de Churchill (1979) guide notre démarche, nous le renouvelons à l’aide des équations structurelles (Roussel et al, 2002), et une étude du sens des liens de causalité entre variables mesurées et variables latentes (Jarvis et al, 2003). L’application de cette échelle lors des vacances d’hiver 2018 sur le territoire particulier que sont les stations de ski iséroises offre des pistes de développement stratégique. Mais le modèle nous renseigne ainsi sur l’importance des valeurs portées par l’institution sous-tendant ce territoire, la faiblesse des éléments de visibilité (e-réputation, mass media), et le rôle de l’habitant dans l’établissement de la réputation territoriale.

This thesis questions the interest of reputation for territories. In other words, it raises the question of why and how the benefits brought by reputation can be of value to territories in search for attractiveness? To this end, we will remind the reader of the current context of French territories, whose various decentralization laws have increased the scope of expertise (Marcou, 2016). The institutions underlying these territories, as for them, are subjected to a need for efficiency and face a loss of confidence from their citizens, judging the former unfit to meet their daily needs (Boisvert, 2002). This difficult context is coupled with a need for greater territorial competitiveness to attract and retain residents and/or tourists and/or businesses. This context requires a particular form of management, called strategic territorial management (Casteigts, 2003) to best manage the resources available (material or immaterial (Penrose, 1955)). Among these resources, reputation, which is one of the most strategic resources for the company (Black & Boal, 1994), appears to be under exploited by territorial managers. Highlighting the reputational benefits toward the actions and challenges faced by these managers allows us to say that reputation is a strategic resource for these territories. Which answers the question of “why” using reputation. The observation of management practices and tools for this resource indicates a conceptual and functional gap. Based on the theory of resources and the concept of territorial resource, we will present a model for the mobilization (revelation, activation) of the territorial reputation. This resource is, by its benefits but also its consequences, a very special resource. Indeed, its subjective nature makes its generating mechanisms inaccessible; only its consequences are observable. The reputation being the actors perception of past behaviors of the organization, resulting in a collective evaluation assuming future behaviors of the same organization, the question will be of capturing this evaluation. In order to do so, we will build a scale of measurement with the support of the wisdom of the crowd (Renault, 2013). The construction of this scale will require an adapted mixed and pragmatic methodology, allowing us to integrate the complexity of our object: the territorial reputation, and finally answering the question of “how” using reputation. With Churchill's (1979) paradigm guiding our approach, we will renew it using structural equations (Roussel et al, 2002) and a study of the meaning of the causal links between measured variable and latent variable (Jarvis et al.., 2003). The application of this scale to specific territories such as Isère ski resorts will suggest strategic development paths according to the choices of these territories (village, technicality, freeride). More importantly, the model will inform us about the importance of the values carried by the institution underlying the territory, the weakness of visibility elements (e-reputation, mass media), and the role of inhabitants in reputation implementation.