Ecole Doctorale

Sciences de la Vie et de la Santé

Spécialité

Biologie-Santé - Spécialité Recherche Clinique et Santé Publique

Etablissement

Aix-Marseille Université

Mots Clés

Cancer,Retour au travail et maintien en emploi,Trajectoires professionnelles,Inégalités sociales,

Keywords

Cancer,Return to work and continued employment,Career paths,Social inequalities,

Titre de thèse

Retour au travail et maintien en emploi après un diagnostic de cancer : des trajectoires socialement différenciées
Return to work and continued employment after cancer diagnosis: socially differentiated paths

Date

Lundi 30 Septembre 2019 à 14:00

Adresse

Faculté de Médecine La Timone, 27 bd Jean Moulin, 13005 Marseille Salle de thèse n°2

Jury

Directeur de these M. Patrick PERETTI-WATEL VITROME IHU
CoDirecteur de these Mme Anne-Déborah BOUHNIK Sciences Economiques et Sociales de la Santé et Traitement de l'Information Médicale
Rapporteur Mme Virginie RINGA CESP Inserm
Rapporteur M. Olivier L'HARIDON Université de Rennes 1
Examinateur Mme Anastasia MEIDANI LISST Université de Toulouse 2
Examinateur M. Thomas BARNAY ERUDITE Université Paris Est Créteil
Examinateur M. Lionel LAFAY Institut National du Cancer
Examinateur M. Lionel DANY LPS Aix-Marseille Université

Résumé de la thèse

Chaque jour en France, plus de quatre-cents personnes actives ou en âge de l’être apprennent qu’elles ont un cancer. Or, plusieurs études françaises et internationales mettent en lumière l’impact négatif de la maladie sur la vie professionnelle, ce qui positionne le sujet du retour au travail et du maintien en emploi après le diagnostic d’un cancer au cœur d’enjeux sociaux, mais aussi politiques puisqu’il constitue un des objectifs du 3ème Plan Cancer. En moyenne, ces études estiment que près d’un quart de la population en emploi au moment du diagnostic ne l’est plus deux ans après. Ce taux varie entre 8 % et 40 % selon les études et les pays mais également selon les caractéristiques socioprofessionnelles et médicales des populations enquêtées (Paltrinieri et al., 2018). Malgré un intérêt grandissant des sciences sociales et médicales pour ce sujet, la plupart des études françaises s’intéressent à des populations restreintes (parmi lesquelles les femmes atteintes d’un cancer du sein sont les plus représentées) sur des périodes d’observation relativement courtes (inférieures à 2 ans du diagnostic). Dans ce contexte, cette recherche doctorale a pour objectif de participer à la compréhension des difficultés rencontrées par les personnes atteintes de cancer dans la poursuite de leur vie professionnelle en dépit des dispositifs mis en place par les pouvoirs publics. Afin d’apporter une vision complète du sujet, cette recherche se veut transdisciplinaire : elle s’inspire de théories de santé publique, sociologique mais également économique, et mobilise des méthodes mixtes alliant analyses quantitatives et qualitatives. Ces analyses reposent exclusivement sur deux sources de données : l’enquête nationale VICAN5, conduite par l’Institut National du Cancer et l’enquête CAREMAJOB réalisée dans le cadre de ce travail doctoral. VICAN5 est une enquête transversale réalisée par questionnaires auprès de personnes diagnostiquées d’un cancer en 2010/2011 et interrogées sur leurs conditions de vie cinq ans après, tandis que CAREMAJOB est une enquête longitudinale pour laquelle deux séries d’entretiens semi-directifs ont été réalisés à six mois d’intervalle auprès de personnes en emploi au moment du diagnostic de leur cancer. Nos résultats corroborent ceux de la littérature : les personnes ayant les caractéristiques socioéconomiques les moins favorables sont les plus vulnérables face au maintien en emploi à distance du diagnostic. En complément, cette recherche soutien l’intérêt de considérer des indicateurs complémentaires au taux de retour au travail pour caractériser la situation professionnelle post-diagnostic, tels que les parts d’emplois réduits et de changements de poste ou encore l’évolution de la situation financière. En outre, l’approche individuelle souligne le rôle actif du patient tout au long du processus de retour au travail. L’intersection subjective de ses expériences, de la maladie et du travail, construit progressivement sa motivation à reprendre une activité professionnelle. Néanmoins, la capacité individuelle à se maintenir en emploi peut être altérée par l’accès socialement différencié aux dispositifs d’aide, tels que les aménagements du travail qui, d’après nos résultats, favorisent le maintien en emploi à moyen terme. Dans une perspective de politiques publiques, cette thèse plaide pour un accompagnement personnalisé des personnes atteintes de cancer qui doit être réalisé précocement dans le processus de retour au travail, et ce, afin de prendre en considération simultanément les inégalités socioprofessionnelles et les motivations individuelles. Plus précisément, une attention spécifique doit être portée aux travailleurs indépendants, aux femmes, aux individus disposant d’un faible statut socioéconomique et à ceux ayant des conditions de travail délétères avant même la survenue de la maladie.

Thesis resume

Each year, 355,000 new individuals are diagnosed with cancer in France and nearly half of them are in working age. As survival rates has increased for most cancers, more and more people face decisions about return to work. International literature have estimated return to work rate between 60 % and 92 % (Paltrinieri et al., 2018). This rate was found to vary according to individual sociodemographic features, occupational characteristics, and clinical aspects related to the worker’s health status and to the disease. However, despite the increasing interest of study in social and medical sciences, most of the French studies are carried out in a short period of observation (mostly lower than two years after diagnosis) and among a specific population (breast cancer survivors are the most documented). In this context, this doctoral research aims 1) to explore the continuation of working life after a cancer diagnosis in a medium-term, identifying factors associated with a deterioration of the professional life, and 2) to study the mechanism of return to work and job retention, focusing on an individual approach. To that end, this research proposes a mixed approach of the subject using two kinds of data: quantitative, using the French national VICAN5 survey, conducted by the French National Institute of Cancer; and qualitative, using the CAREMAJOB survey, carried out for this doctoral project. The VICAN 5-year cross-sectional survey questioned life conditions of cancers survivors diagnosed in 2010/2011. The longitudinal CAREMAJOB survey aimed to complete these data, focusing on return to work after cancer diagnosis. Two round of semi-directive interviews were conducted among cancer patients employed at diagnosis with six-month intervals. They were asking about their intention regarding work, and the mechanism of the return. Our results support those of the literature: individuals considered as the most vulnerable (those with a low socioeconomic status and those with a poorer health status) were less likely to still be employed five years after a cancer diagnosis. In addition, this research highlights the interest to consider other indicators to report the continuation of professional life after a cancer diagnosis such as the part of working time reduction, the part of occupational change, and the financial well-being. Furthermore, the individual approach emphases the active role of the patient in the return to work process. According to the subjective experiences of the disease and of work, the patient set up strategies to meet his/her motivation about the continuation of his/her professional life. Nevertheless, the individual capacity to remain employed may be undermined by the socio-differentiated access to arrangements, as workplace accommodations which has been found to be strongly associated with continued employment at middle term. Consequently, this thesis called for personalized support of cancer survivors, that comes early in their return to work process, in order to take into consideration their motivation and to face social inequalities found to be barriers for their continued employment. More specifically, more attention must be paid to self-employed workers, to women, to individuals with lower socioeconomic status, and finally to those who had poorer working conditions before diagnosis.