Doctorat
Intitulé : ARTS : Arts plastiques
1ère inscription en thèse :
Septembre 2014
École doctorale :
Langues Lettres et Arts
Date de soutenance de la thèse :
29 Septembre 2018
Sujet :
Le geste martial comme expérience. (la factivité d'être, Esthétique de la stratégie)
Directeur de thèse :
Alain CHAREYRE-MEJEAN
Co-directeur :
Unité de recherche :
LESA - Laboratoire d'Etudes et Sciences des Arts
Intitulé de l'équipe :
Master
Intitulé : Jai lhonneur de vous présenter aujourdhui la synthèse de plus de deux ans de recherches. Mon travail se base sur des expériences personnelles, qui se répartissent sur deux grands chapitres : la première partie de cette expérience se réalise depuis toujours , qui fait de moi, en ce moment même, l auteur qui sest révélé par sa propre histoire intime, à travers les cicatrices tracées sur son propre corps. La deuxième partie de cette expérience est la rencontre avec un « maître » du ninjutsu mayant personnellement renseigné sur son art, désirant conserver son anonymat. Lexpérience de mes cicatrices présente un équilibre qui ne connaît aucune norme préétablie. Elles sont en même temps hypothétiques, fragiles et héroïques. Mon intime dévasté par lapparition des sensations habituellement réprimées, mon corps blessé par des traces terribles sélabore dans un mélange de sensualité et de décompositions. Mes projets antérieurs utilisent la peinture et ce quelle a dintéressant comme médium dexpression, cest quelle est une façon de rendre éternelles, ou presque, les images des idées intimes et des moments cicatrisés que jai vécu. Comme je sais que la photographie me permet de créer un moment où le temps est arrêté, jai essayé dhybrider la peinture et la photographie pour bien manifester lacte pictural de mes cicatrices qui se présentent comme larrière-plan du drame de mon expérience intime. Mon intimité, sous une apparence inversée, bouleversée, nest plus que la larve dun héros mythique qui conserve des traces et des cicatrices. Dans tous les secteurs de la création, simpose en effet lidée quil est moins nécessaire de traduire le monde extérieur que de reconnaître les instruments permettant de le perçevoir. Il devient aussi important danalyser les expériences favorisant une inscription de la personnalité physique et spirituelle de lopérateur dans les reconnaissances de lintime. Dune façon holiste et par lentremise de la signification, on est toujours à la recherche de la factivité qui fait corps. Lessence de ce principe ne peut être saisie que par le geste. Un geste qui ne dit rien mais qui fait. Ma recherche consiste à percer linfra-mince entre les cicatrices comme mythologie personnelle qui approche une dimension intime et la cicatrisation comme un effet de champ et de renaissance qui se présente par son pouvoir dauto-guérison. Le fait davoir un acte qui va de lintime à lextime et vice-versa, implique un geste qui exprime fluidement un guerrier en moi. Un guerrier qui par un geste brise (crée une cicatrice), ou guérit (par la cicatrisation). Et cest ce qui minvite à prendre la pratique dun art-martial comme exemple. Par le ninjutsu qui se présente comme la science des actes et du savoir faire martial, on trouve que lapprentissage par lanalyse normale disparaît dans les grands gestes. Tous nos actes sont constamment exposés à se convertir en gestes, dune façon englobante, à traiter une manière dêtre au monde. Emile Chartier, appelé Alain écrit que « On se dit, comme à la boxe ou à lescrime : voilà un maître coup qui marrive ; il sagit de le parer ou de lencaisser proprement » (Propos sur le bonheur, Gallimard, 171.) Cest une façon stratégique de conçevoir lesprit qui met laccent sur la manière dont le corps doit se porter. Il y a des gestes qui viennent avec le savoir comment, alors que les gestes ninjas riment avec le savoir que. « Le savoir que » est la manière de faire à la fin de toute causalité. Car luvre à faire est luvre faite, la cicatrice à coudre est la cicatrice cousue. Et encore, paradoxalement, la rénovation et le renforcement sont deux phénomènes qui dévoilent le pouvoir et le processus de la cicatrisation. On trouve que le phénomène de consolidation se présente comme lénergie qui prend la fuite par la blessure, alors que la lésion dans le phénomène de régénération rend lessence et lénergie à lapparence. Cest ce qui fait par excellence le geste ninja, cest le pouvoir du mouvement rythmé qui fait larme et le remède. Ce projet de recherche passe par quatre principales problématiques. En premier lieu une démarche générale qui a pour but de rechercher si la manifestation de lintime révèle une mythologie personnelle. De là, je cherche comment lexpérience intime dévoile lénigme de la tragédie humaine et tend à rendre plus expressif lintime cicatrisé. Celui-ci sintéressant à rendre visible (ou presque) le charme de la cicatrice par deux pratiques plastiques qui se mêlent, la peinture et la photographie. Dautre part, ce mémoire soulignera le charme de la cicatrisation par une pratique plastique qui prend la peau animale comme surface en creusant lordre stratégique de la magie et de la ruse présente dans le ninjutsu. Enfin, je mattellerai à trouver le geste holiste qui renouvelle un vide identitaire ou une identité du vide dans tout guerrier au travers des stratégies martiales. Tout un pan de lhistoire de lart ancien, mais aussi de lart actuel, sest édifié autour de cette problématique de la représentation de lartiste et sa présentation. Cependant ce nest pas lénigme de lartiste qui nous préoccupera ici mais plutôt un aspect de cette représentation de soi : limage de lartiste comme support et matière de son propre art. Plus précisément encore, le sujet se situera du côté des mutations et des métamorphoses de la représentation du corps à partir du corps de lartiste. Lavènement de lartiste comme image de soi et de son art trouve un écho différent selon les périodes. Je raconte mes souvenirs pour amener une expression de soi ; une expression de mon intériorité qui puisse contribuer à un éclaircissement de mon moi et à une expansion de la conscience jusqu'à une conscience du monde. Notre actualité se lit dans une transdisciplinarité où l'autre est devenu trop proche. Cependant, mon travail et mon discours seront édités pour discuter avec l'autre et inversement. Lutilisation de sa propre image nest là que pour mieux servir son propos de médiateur interrogeant les rituels sociaux et en démontrant les ressorts pour mieux dénoncer les conditionnements, dans le corps de lartiste. Le corps ne représente rien, il exprime une idée, bien que le corps en jeu ne soit pas seulement une réalité intime et ultime, mais aussi un corps non séparable du contexte social et moral. Par cet acte sacrilège on proclame le droit de réduire lécart entre lêtre et le paraître, je cite « de ramener limage interne à limage externe, dit Orlan » (Orlan, pour un art charnel, P73) Lultime dans limage de soi se comprend comme une réalité hors espace-temps, car en parlant du soi absolu on peut atteindre une étape de je
Juin 2014 - Université Aix-Marseille
Mention : très bien