Ecole Doctorale

Langues Lettres et Arts

Spécialité

ETUDES ANGLOPHONES

Etablissement

Aix-Marseille Université

Mots Clés

Dystopie,Utopie,Réfractions,Inactualité,Transmédialité,Avertissement,

Keywords

Dystopia,Utopia,Refractions,Inactuality,Transmediality,Warning,

Titre de thèse

« ‘Architext’ure » : les réfractions dystopiques au service de considérations inactuelles dans The Handmaid’s Tale, The Testaments et Black Mirror.
" ‘Architext’ure" : the dystopian refractions serving inactual considerations in The Handmaid's Tale, The Testaments and Black Mirror.

Date

Vendredi 21 Juin 2024 à 14:00

Adresse

Faculté des arts, lettres et sciences humaines d'Aix-en Provence 29 avenue Robert Schuman 13621 Aix-en-Provence Colloque 1

Jury

Directeur de these M. Sébastien LEFAIT Université d'Aix-Marseille
Rapporteur M. Philippe MARION Université Catholique de Louvain
Rapporteur Mme Shannon WELLS-LASSAGNE Université de Bourgogne
Président M. Jean-Michel DURAFOUR Université d'Aix-marseille
Examinateur Mme Elizabeth MULLEN Université de Bretagne Occidentale

Résumé de la thèse

L’univers dystopique repose sur des catégorisations. Les frontières entre les castes peuvent être effacées ou gommées, les classes peuvent converger, se rassembler ce qui montre que la catégorisation et la compartimentation des individus est purement arbitraire. Dans la série Black Mirror, les catégorisations sont souvent duelles mais non antagonistes ou manichéennes, elles entretiennent un lien de cause à effet. Le floutage opéré met en exergue la complémentarité entre utopie et dystopie, deux versants d’une même entité et la possibilité de basculement de l’un dans l’autre. Les frontières sont poreuses, ce qui met en avant la complexité et la relativité catégorielle. Le téléspectateur est alors amené à remettre en question ses propres catégorisations. Les univers dystopiques s’appuient également sur le sentiment d’une oppression qui peut être morale, mentale, étatique, hiérarchique, physique, religieuse, genrée et technologique et débouche sur l’enfermement moral, social et physique. La variabilité du concept de légalité et de légitimité voire sa réversibilité dans le temps en fonction des événements est mise au service du principe d’inactualité. Ces réfractions autoritaires montrent la perméabilité de la frontière entre utopie et dystopie en fonction du temps et du contexte. Tel un ondoiement, le genre peut basculer et montre qu’au cours du temps les perceptions peuvent varier. Ces variations autoritaires ondoyantes visent à la remise en cause de tout fondamentalisme moral, religieux, éthique et technologique dans un temps à venir. Le processus de fragmentation est au cœur de toute dystopie. Les fragmentations diverses, qu’elles soient physiques, psychologiques, sociétales, spatio-temporelles, sémantiques, syntaxiques, visuelles, sonores, diégétiques, mémorielles, ou qu’elles soient entre apparence et réalité ou entre virtuel et réel, servent toutes à plonger le lecteur ou le téléspectateur de manière plus intense dans l’univers dystopique. Elles mettent en lumière l’univers dystopique dans lequel les personnages évoluent et l’annihilation en résultant. Témoin de la fragmentation, les lecteurs-téléspectateurs doivent rassembler les morceaux éparpillés, voir au-delà des brisures, percevoir la richesse dans la comminution. Les déconstructions présentes dans The Handmaid’s Tale, The Testaments, Black Mirror et Inside Black Mirror servent à mettre en évidence la nécessité de déconstruire les oppositions conceptuelles binaires de l’utopie de la dystopie. Le concept de dystopie est mouvant au point qu’il amalgame le concept d’utopie. Une telle versatilité et une telle réversibilité sont mises au service de considérations inactuelles. Elles œuvrent en dehors du temps et par conséquent au service du temps à venir. Elles permettent aux lecteurs et aux téléspectateurs de porter un regard non-manichéen sur le monde. Ces œuvres sont à la fois des dystopies miroirs et des miroirs dystopiques dont la vision anamorphique permet au lecteur-téléspectateur d’entamer une démarche à la fois réflexive et auto-réflexive. Elles permettent aux lecteurs-téléspectateurs de s’interroger sur leur propre société et sur leur propre pratique. La popularité des romans et des séries réside dans leur capacité à trouver un écho dans la vie des lecteurs-téléspectateurs mais également dans sa médiatisation. Le message d’avertissement par anticipation parvient alors aux intéressés qui ont ainsi la possibilité de réagir et d’agir pour éviter que cet univers dystopique ne devienne le leur. Les romans et les séries s’inspirent du réel dont elles noircissent et extrapolent les traits. Ces œuvres transmédiagéniques, en opérant en spirale transmédiatique enrichie, réussissent l’interaction et la fusion entre narration et médiatisation. Cette porosité entre fiction et réel est effectivement mise au service du message porté par ces œuvres dystopiques en invitant le lecteur-téléspectateur à développer une pratique réflexive.

Thesis resume

The dystopian universe is based on categorisation. The boundaries are porous, highlighting complexity and categorical relativity. Viewers are encouraged to question their own categorisations. Dystopian universes are also based on a sense of oppression that can be moral, mental, state, hierarchical, physical, religious, gendered and technological, leading to moral, social and physical confinement. The variability of the concept of legality and legitimacy, and even its reversibility over time as a function of events, serves the principle of inactuality. These authoritarian refractions demonstrate the permeability of the boundary between utopia and dystopia as a function of time and context. Like a ripple, the genre can shift, showing that perceptions can change over time. These undulating authoritarian variations aim to challenge all moral, religious, ethical and technological fundamentalism in a time to come. The process of fragmentation is at the heart of every dystopia. Fragmentations of various kinds – whether physical, psychological, societal, spatio-temporal, semantic, syntactic, visual, sonorous, diegetic, memory-related, or whether between appearance and reality or between virtual and real – all serve to dive the reader or viewer more intensely into the dystopian universe. They highlight the dystopian world in which the characters live and the resulting annihilation. Witnessing the fragmentation, the reader-viewer has to pick up the scattered pieces, see beyond the fractures, perceive the richness in the comminution. The deconstructions present in The Handmaid's Tale, The Testaments, Black Mirror and Inside Black Mirror serve to emphasise the need to deconstruct the binary conceptual oppositions of utopia and dystopia. The concept of dystopia is so changeable that it merges with the concept of utopia. Such versatility and reversibility are at the service of inactual considerations. They work outside time and therefore in the service of time to come. They allow readers and viewers to take a non-Manichean look at the world. These works are both dystopian mirrors and dystopian mirrors whose anamorphic vision enables the reader-viewer to engage in a process that is both reflexive and self-reflexive. They allow the reader-viewer to question their own society and their own practice. The popularity of novels and series lies not only in their ability to resonate with the lives of their readers and viewers, but also in the way they are mediatised. The message of anticipatory warning then reaches the people concerned, who are then able to react and take action to prevent this dystopian world from becoming their own. Novels and series are inspired by reality, whose features they blacken and extrapolate. By operating in an enriched transmedia spiral, these transmedia works succeed in interacting and merging narrative and mediatisation. This porosity between fiction and reality effectively serves the message conveyed by these dystopian works, inviting the reader-viewer to develop a reflective practice.