Ecole Doctorale

Sciences Juridiques et Politiques

Spécialité

Doctorat en Science politique

Etablissement

Aix-Marseille Université

Mots Clés

représentation,islam,controverse,action publique,radicalisation,

Keywords

Islam,representation,public policy,controversies,radicalization,

Titre de thèse

Quand « l’islam de France » entre en scène : Entre permanence et résistibilité de la représentation des musulmans en France des années 80 à nos jours
When 'Islam of France' enters the scene: Between permanence and resistibility of the representation of Muslims in France from the 1980s to the present

Date

Lundi 12 Décembre 2022 à 13:30

Adresse

Espace Philippe Séguin Sciences Po Aix 25 rue Gaston de Saporta · 13 625 Aix-en-Provence Salle 001

Jury

Directeur de these M. Philippe ALDRIN Aix Marseille Université
Rapporteur Mme Valérie AMIRAUX Université de Montréal
Président M. Yves DELOYE Sciences Po Bordeaux
Examinateur Mme Claire GALEMBERT L’Institut des sciences sociales du politique ENS Cachan
Examinateur Mme Delphine DULONG Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Examinateur M. Haoues SENIGUER Sciences Po Lyon

Résumé de la thèse

Depuis 1986, les tentatives d’institutionnaliser la représentation des musulmans en France se sont multipliées. Impulsées par les autorités publiques, ces dernières se sont peu à peu imposées comme les véritables « faiseurs de représentation » (Saward 2010). Les différentes séquences de politiques publiques ainsi que les configurations d’acteurs publics et leurs partenaires musulmans à l’œuvre au cours de celles-ci mettent au jour les conditions d’émergence et de résistibilité du champ de la représentation. À travers l’étude des conditions de félicité de « l’islam de France », cette thèse propose de revenir sur : les différents actes de la représentation, les conditions historiques d’émergence de cette politique publique, la galaxie des acteurs étatiques et des entreprises collectives de la représentation, ce qu’ils prétendent représenter — du « culte musulman » au « bon islam » — mais aussi la nature des missions assignées aux représentants officiels de « l’islam de France » (courtage, gouvernance et gouvernementalité). Depuis les attentats de 2012, un changement paradigmatique est survenu dans la politique publique musulmane de la France et a participé à modifier les termes du contrat de représentation. De cette façon, la structuration du porte-parolat musulman est passée d’une question confinée dans les arènes politico-administratives entre 2005 et 2012 à un problème public directement lié à la lutte contre la radicalisation. Les interlocuteurs musulmans officiels ont ainsi été amenés à sous-traiter la mise sous surveillance et le contrôle tant des ministres du culte que des populations musulmanes en général. En raison de l’ingérence des autorités publiques et de la faible représentativité des prétendants à la représentation, les propositions de représentation qu’ils ont conjointement formulées ont globalement été rejetées par ces derniers et concurrencées par celles des outsiders de la représentation.

Thesis resume

Since 1986, attempts to institutionalize the representation of Muslims in France have multiplied. Driven by public authorities, the latter have gradually imposed themselves as the real "makers of representation" (Saward 2010). The different sequences of public policies aimed at organizing the Muslim spokesperson and the configurations of public actors and their Muslim partners at work at each stage of these policies inform the conditions of emergence and resistibility of the field of representation. Through the study of the conditions of felicity of "Islam of France", this thesis proposes to return to: the different acts of representation, the historical conditions of emergence of this public policy, the galaxy of state actors and collective enterprises of representation, what they intend to represent - from the "Muslim cult" to the "good Islam" - but also on the missions assigned to the official representatives (brokerage, governance and governmentality). Since the 2012 attacks, a paradigmatic shift has occurred in France's Muslim public policy and has participated in changing the terms of the representation contract. In this way, the structuring of "Islam in France" has moved from an issue confined to political-administrative arenas between 2005 and 2012 to a public problem directly related to the fight against radicalization. Official Muslim interlocutors were thus led to subcontract the monitoring and control of both ministers of religion and Muslim populations in general. Because of the interference of public authorities and the low representativeness of the pretenders to representation, the proposals they jointly formulated with the aim of exercising the monopoly of legitimate speech on behalf of Muslims in France were globally rejected by the latter and competed with those of the outsiders of representation.