Ecole Doctorale

COGNITION, LANGAGE, EDUCATION

Spécialité

Psychologie

Etablissement

Aix-Marseille Université

Mots Clés

Cognition incarnée,Reconnaissance visuelle de mots,Mouvement,Concepts abstraits,Temps,Espace,

Keywords

Embodied cognition,Visual word processing,Movement,Abstract concepts,Time,Space,

Titre de thèse

Traitement des mots abstraits : comment le corps et le mouvement ancrent le concept de temps dans notre architecture cognitive
Processing of abstracts words : how body and movement ground the concept of time in our cognitive architecture

Date

Jeudi 5 Mai 2022 à 10:00

Adresse

3 place Victor Hugo, 13331 Marseille CEDEX 3 Salle des voûtes (bâtiment 9)

Jury

Directeur de these M. Johannes ZIEGLER Aix-Marseille Université
Président Mme Sylvie DROIT-VOLET Université Clermont Auvergne
Rapporteur M. Ludovic FERRAND Université Clermont Auvergne
Examinateur Mme Véronique BOULENGER Université Lyon 2
Examinateur M. Kristof STRIJKERS Aix-Marseille Université
CoDirecteur de these Mme Marie MONTANT Aix-Marseille Université

Résumé de la thèse

L’individu se nourrit d’un ensemble de concepts dont il n’a pourtant aucune expérience sensible ou motrice. Cette capacité à transcender le monde physique pour construire un univers de représentations abstraites comme celles d'astrophysique ou de temps est considérée comme l’une des plus sophistiquées de la cognition humaine. Si l’implication des processus sensorimoteurs dans le traitement des mots concrets est aujourd’hui établie, leur rôle dans la représentation et le traitement des concepts abstraits est au cœur d’un vif débat. À partir d’une analyse des données de la littérature, et de propositions théoriques comme celles de la réutilisation neuronale et de l’apprentissage par corrélation, nous avons exploré une piste explicative de l’ancrage des concepts abstraits temporels. Dans une série de cinq expériences, nous avons étudié le rôle du mouvement dans l’émergence des effets de congruence spatio-temporelle lors de la reconnaissance visuelle de mots véhiculant des informations temporelles. Nos résultats suggèrent que le mouvement joue effectivement un rôle clé dans le traitement de ces mots. Plusieurs propositions théoriques (non exclusives) peuvent être faites à la lumière de nos résultats. La première est que le concept de temps pourrait s’ancrer directement dans l’expérience temporelle qui accompagne l’exécution du mouvement. En ce sens, les chevauchements qui existent entre temps et espace n’impliqueraient pas que le temps soit intrinsèquement de nature spatiale, mais que temps et espace soient confondus parce que vécus ensemble via le mouvement. La deuxième est que les mécanismes qui sous-tendent la représentation et le traitement des concepts temporels pourraient réutiliser ceux de la planification motrice et de la cognition spatiale. La troisième est que l’action répétée de lire et écrire pourrait constituer l’expérience sensorimotrice de premier ordre qui définit le cadre d’ancrage de temps, et lie ensemble espace et temps.

Thesis resume

Humans are equipped with a set of concepts of which they have no perceptive or motor experience. This capacity to transcend the physical world to build a universe of abstract representations, such as astrophysics or time, is one of the most sophisticated of human cognition. If the involvement of sensorimotor processes in the processing of concrete words is now established, their role in the representation and the processing of abstract concepts is at the heart of a lively debate. Based on a detailed review of data from the literature, and theoretical proposals such as neural reuse and correlational learning, we examined the way in which temporal abstract concepts could be grounded. In a series of five experiments, we investigated the role of movement in the emergence of space-time congruency effects during the visual processing of words conveying temporal information. Overall, our results suggest that movement plays a key role for the grounding (and the processing) of the temporal content of these words. Considering our results, several theoretical propositions (not exclusive) can be made. First, the abstract concept of time could be directly grounded in the temporal experience that accompanies the execution of the movement. In this sense, the overlaps between time and space would not imply that time is intrinsically spatial in nature, but that time and space are generally confused because they are experienced together through movement. Second, the mechanisms underlying the representation and processing of temporal concepts could reuse those of motor planning and spatial cognition. Third, the repeated action of reading and writing could constitute the sensorimotor experience that links space and time together.