Ecole Doctorale

ESPACES, CULTURES, SOCIETES - Aix Marseille

Spécialité

Histoire

Etablissement

Aix-Marseille Université

Mots Clés

méditerranée,Bande-dessinée,représentation,autobiographie,histoire du temps présent,mémoires,

Keywords

mediterranean,comics,representation,self-staging,memories,autobiography,

Titre de thèse

« Voir les traces de la blessure » Figurations et dramaturgies des conflits en Méditerranée contemporaine dans la bande dessinée (1956-2018)
Pictures and dramaturgy - Conflicts in Mediterranean Sea in comics and graphic novels

Date

Vendredi 26 Mars 2021 à 14:00

Adresse

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme 5, rue du Château de l'horloge, BP 647,13094 Aix-en-Provence, France SAlle Germaine TILLION

Jury

Directeur de these Mme Maryline CRIVELLO Aix Marseille Université
Rapporteur Mme Cohen ÉVELYNE ENSSIB (Université de Lyon)
Rapporteur Mme Anne-Marie GRANET-ABISSET Université Grenoble Alpes
Examinateur M. Sylvain LESAGE UMR 8529 - INSTITUT DE RECHERCHES HISTORIQUES DU SEPTENTRIONIRHIS
Examinateur M. Yvan GASTAUT Université Côte d'Azur / URMIS
Examinateur Mme Isabelle RENAUDET Aix-Marseille-Université
Examinateur Mme Karima DIRèCHE CNRS
Examinateur M. Pierre SINTèS Aix-Marseille Université

Résumé de la thèse

Penser la Méditerranée aujourd’hui revient à étudier les processus socio-économiques, politiques et juridiques de l’espace, mais également la circulation des savoirs et des objets. Penser la Méditerranée avec la bande dessinée revient à réfléchir sur la circulation des écrits, des idées, des images mais également des supports. Si le bien culturel « bande dessinée » prend de plus en plus d’importance en France et dans les pays méditerranéens, il s’adapte aussi au niveau de sa forme selon les territoires en variant sa diffusion (objet livre, mais également revue, et web). Les images de bande dessinée ont en effet trouvé un nouveau moyen de diffusion et de circulation via le web, notamment au Maghreb. Le marché de la bande dessinée s’inscrit ici dans une économie au sens large, avec ses acteur·trice·s, ses manifestations ou encore ses festivals (Bastia, Angoulême, Beyrouth, Alger, Athènes). L'enjeu de cette thèse est d'apprécier la bande dessinée comme un objet d’histoire, de la regarder à la fois comme une pratique sociale (de lecture et de création, de représentation du passé, de production éditoriale de plus en plus importante) et comme un outil de projection historique général et personnel, pour pouvoir saisir son ancrage dans le temps, son historicité. Dans ce sens, la bande dessinée est un nouveau terrain d’expression autour du bassin méditerranéen pour les auteur·trices s’emparant d’objets ou d’évènements passés ou présents. Interroger les textes et les images d’une bande dessinée revient à étudier un dispositif artistique représentant les hommes et les femmes à travers le temps. L’auteur·trice élabore en effet une vision historique, sociale et souvent politique, qu’il s’agit de déconstruire. Il·elle représente les évènements et le temps comme il·elle peut parfois se faire l’intermédiaire de celles et ceux qui ne peuvent parler. Il·elle peut devenir alors témoin du témoin, étant en charge d’élaborer et de former un récit qui n’est pas le sien. Cette différence fondamentale avec la fiction est une des principales caractéristiques de la bande dessinée contemporaine. En effet, alors que jusque dans les années 1980, la fiction dominait le marché éditorial français de la bande dessinée, la biographie, l’autobiographie et le reportage prennent depuis peu une part prépondérante dans la production des ouvrages. Aujourd’hui, en bande dessinée, l’histoire au sens large se raconte souvent à travers le prisme de l’écriture de soi. Celui ou celle qui écrit peut donc être à la fois le·la narrateur·trice qui transmet mais également le·la premier·ère acteur·trice représenté·e. Outre l’histoire des représentations, ces approches peuvent également s’inscrire dans des problématiques liées aux usages politiques et sociaux du passé. Ces récits et ces images impliquent parfois de la part des auteurs·trices des prises de position engagées et une certaine réappropriation du passé et des savoirs. Un deuxième mouvement anime cette thèse. Celui de l’introduction, dans les ouvrages de bande dessinée, de la documentation, de la preuve (photographies, archives…) et de la figure de l’expert·e, notamment celle de l’historien·ne. Les universitaires ou journalistes préfacent déjà quelques livres de bande dessinée traitant d’un sujet dont ils sont spécialistes. Depuis les années 2000 et l’émergence de nouveaux formats et de nouvelles formes en bande dessinée, de plus en plus d’historien·ne·s pénètrent ce milieu éditorial en tant que scénariste. Cela sous-tend la question de l’importance médiatique de la bande dessinée (et donc de sa médiation), mais également des histoires qu’elle raconte, des publics qu’elle vise et des savoirs qu’elle constitue. De manière progressive, la bande dessinée s’érige en intermédiaire des savoirs.

Thesis resume

This PhD will be about the representation of the Mediterranean area through graphic novels and comics. Although graphic novels have become a new field in academic researches -several analyses and semiotic approaches on the narrative system in graphic novel, sociology of reading habits, the practice of graphic novel in the field of arts... ; making graphic literatures a historical object is still missing greatly. The history of graphic novels and comics is however well known. Pascal Ory or Thierry Groensteen have been trying to trace back the origins and evolutions of graphic novels for several years now, from the 19th century in Europe, to the 20th and 21st centuries on both sides of the Atlantic. Reading a graphic novel as a historical source is often a way to locate there traces of both the past and the present, iconic images and typical forms of space and time representations. Some of these sources do not directly document the past as a 19th century novel would. But they can both inform us on how graphic novel artists see, analyze and represent a time period, and submit the object to a vast audience through a booming editorial market. We will here try to make graphic novels a historical object, to look at it both as a social practice -of reading and creation, of representations of the past and the present, of a growing editorial production these past 30 years ; and a tool in the personal and general historical projection, to seize its grasp on time, its historic value. In this sense, graphic novels and comics are a new means of expression around the Mediterranean Sea for authors working on past or present objects and events. Questioning the texts and images of a graphic novel or a comic is a way to study an artistic mechanism representing men through the ages. From representations of the Antiquity in popular comics such as Alix, Asterix or Murena, to the more recent events like the civil wars in Spain and Lebanon, the Arab Revolutions, or the Greek crisis, the graphic novel author develops a historical, social, cultural, and often political vision, which we will try to deconstruct. He represents events and time as he can sometimes act as the intermediary of those who cannot talk. He can then become the witness of the witness, since he is in charge of the making, forming and diffusion of a story that is not his. This fundamental difference with fiction is one of the major features of today's graphic novel. While up until the 1980s fiction determined the editorial market of graphic novels and comics, biography, autobiography and report have recently become an important part of the production. History as a whole is often told in graphic novels through the writing of oneself. The one who writes is the narrator and the one who hands down a story, but he can also be the main actor represented.