Ecole Doctorale

ESPACES, CULTURES, SOCIETES - Aix Marseille

Spécialité

histoire

Etablissement

Aix-Marseille Université

Mots Clés

Nationalité wa (Chine),Paraok (Wa),Tourisme,Patrimoine,Espace social,Dynamiques identitairess,

Keywords

Wa Nationality (China),Paraok (Wa),Tourism,Heritage,Social space,Identity Dynamics,

Titre de thèse

Une ethno-histoire des Wa-Paraok de Wengding (Yunnan, Chine) : pratiques, représentations et espace social face au tourisme
Customs, Representations and Social Space in the Age of Tourism : an Ethno-historical Study of the Wa-Paraok in Wengding (Yunnan, China)

Date

Vendredi 7 Décembre 2018 à 14:00

Adresse

Pôle multimédia, Faculté ALLSH, Aix-Marseille Université 29 Avenue Robert Schuman 13090 Aix-en-Provence Salle de colloque 2

Jury

Directeur de these Mme Chantal ZHENG Aix-Marseille Université - Institut de recherches asiatiques IrAsia UMR7306
Rapporteur Mme Catherine CAPDEVILLE-ZENG INALCO - ASIEs
Rapporteur M. Bernard SELLATO Centre Asie du Sud-Est UMR8170 CNRS / EHESS / INALCO
Examinateur Mme Béatrice DAVID Université Paris-8 Vincennes-à-St-Denis - LEGS UMR8238
Examinateur M. Pierre KASER Aix-Marseille Université - Institut de recherches asiatiques IrAsia UMR7306
Président M. Bernard FORMOSO Université Paul Valéry Montpellier 3 - LERSEM - EA 4584

Résumé de la thèse

Depuis le début du XXIe siècle, la province chinoise du Yunnan fait du développement touristique un levier de croissance économique. En s’appuyant sur l’attrait que représentent les nationalités minoritaires (shaoshu minzu) de son territoire et la diversité de leurs pratiques, pour les touristes nationaux et internationaux, les autorités provinciales encouragent le développement d’un tourisme culturel et ethnique. Dans le district de Cangyuan, situé à quelques kilomètres de la frontière birmane, le village de Wengding est qualifié, par les agences de voyage et les services gouvernementaux locaux et régionaux, de « dernière tribu primitive de Chine » (zongguo zuihou yuanshi buluo). Habité par une centaine de familles, du groupe ethnolinguistique wa-paraok, ce village est la cible d’un projet de développement touristique depuis le tournant du XXIe siècle. Dans ce cadre, il a été progressivement aménagé pour (re)présenter et préserver la « culture de la nationalité wa » (wazu wenhua). A la croisée des champs disciplinaires de la sinologie, de l’ethnologie et de l’histoire, cette thèse analyse les processus de changements sociaux et culturels qui parcourent la société villageoise, au cœur de l’arène touristique. L’étude de l’organisation sociale et spatiale du village, d’un mythe d’origine local, ainsi que des représentations cosmologiques et des pratiques rituelles du groupe, indique que la communauté villageoise a établi et entretient des relations, avec son territoire et son environnement, qui participent à son renouvellement. Les reconfigurations du quotidien des villageois, générées par le développement de l’activité touristique à Wengding et impulsées par des acteurs extérieurs au village, résultent de la mise en tourisme de leur espace de vie, mais aussi de la mise en scène et de la marchandisation de pratiques artisanales (telles le tissage), artistiques ou rituelles. Ces aménagements sont révélateurs des politiques patrimoniales et de développement, nationales et régionales, à l’égard de la nationalité wa. L’ethnogenèse, et l’histoire de ce groupe et de son territoire, éclairent, quant à elle, les représentations et les rapports qu’entretiennent les Han, la majorité chinoise, avec les populations wa. Enfin, les pratiques et les discours des individus composant la société villageoise de Wengding, témoignent de leur réflexivité vis-à-vis de ces représentations, mais aussi de la vivacité du corps social. Face au tourisme et aux touristes, les villageois réinventent, s’approprient, excluent ou incluent, recomposent, sont résilients et résistants. Ils façonnent chaque jour des manières d’être au monde et d’être dans le monde, partagés entre l’héritage et la transmission de valeurs et de pratiques – ancrées et façonnées dans l’espace et la mémoire sociale locale –, et le souhait de modernité et d’inclusion dans la société chinoise contemporaine. L’arène touristique est ainsi un lieu de recomposition dynamique des identités.

Thesis resume

Since the beginning of the 21st century, the Chinese province of Yunnan has chosen tourism development as a tool for economic growth. Relying on the attractiveness of national minorities (shaoshu minzu) and their diverse cultural practices, local authorities encourage the development of ethnic and cultural tourism, at the national and international level. In Cangyuan county, a few kilometers from the Burmese border, the village of Wengding is advertised as the “last primitive tribe of China” (zongguo zuihou yuanshi buluo) by government officials and travel industry. A tourism development plan targeting the village – which is home to a hundred families of the Wa-Parauk ethnolinguistic group – has been set up since the 2000s. For that purpose, the village has been redesigned to (re)present and preserve the « culture of the Wa Nationality » (wazu wenhua). This thesis analyses the processes of social and cultural changes affecting this village at the heart of the touristic arena, from the multi-disciplinary perspective of sinology, ethnology and history. The spatial and social organization, origin myth, cosmological representation, and ritual practices in the village show how its community’s relationship with its territory and natural environment has contributed to its constant renewal. Radical changes in the villagers’ daily lives are generated by external actors and by the development of tourism activities that have lead to the staging of their living space and the commoditization of traditional crafts (such as weaving), artistic and ritual practices. These reconfigurations reveal the characteristics of heritage and development policies, at both national and regional level, with respect to the Wa nationality. The ethnogenesis and history of the community and its territory shed light on the centuries-old interethnic relations between the Han – the Chinese ethnic majority – and the Wa. Finally, the practices and discourses of individual villagers display their reflexive attitude towards their representation by the Han majority and the dynamism of the social body. Confronted with tourism and tourists, the villagers appropriate, exclude or include, recompose, showing resilience and resistance. They constantly reinvent their being in the world, between the heritage of values and traditional practices, and a desire for modernity and inclusion in contemporary Chinese society. The touristic arena is thus a place of dynamic reshaping of identities.