Soutenance de thèse de Aurélie GRANDJEAN

Le trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est un des troubles neurodéveloppementaux les plus fréquemment diagnostiqués chez l’enfant et qui, souvent, persiste à l’âge adulte. Il se manifeste par les symptômes d’inattention, d’hyperactivité et d’impulsivité, entrainant de grandes difficultés dans l’apprentissage scolaire et les relations sociales et familiales. Un déficit du contrôle de l’interférence est fréquemment rapporté dans le TDAH et il a souvent été proposé qu’il soit dû à un déficit d’inhibition. Or le contrôle de l’interférence met en jeu au moins deux processus : l’activation d’une réponse automatique et son inhibition. Sur le plan expérimental, le contrôle de l’interférence peut être étudié avec la tâche de temps de réaction de choix de Simon (Simon, 1969) connue pour générer un conflit entre une réponse automatique et une réponse dirigée vers un but. Interprétée dans le cadre théorique du modèle dit « Dual-path activation suppression, DPAS » (Ridderinkhof, 2002), elle offre un outil conceptuel et expérimental puissant pour étudier l’activation et l’inhibition des réponses automatiques. Mon travail s’est organisé autour de deux axes. Le premier concerne l’étude des capacités de contrôle de l’interférence chez des adolescents présentant un TDAH. L’objectif était de déterminer l’effet 1/ du TDAH, 2/ du Méthylphénidate, 3/ d’un programme de thérapie comportementale centré sur les processus attentionnels, et 4/ de la motivation sur les capacités de contrôle de l’interférence de ces adolescents. Le deuxième axe concerne les liens entre attention et inhibition. Pour cela, j’ai étudié les capacités d’inhibition de jeunes adultes sains en situation de restriction attentionnelle, à l’aide du paradigme de double-tâche. L’ensemble de ces travaux a permis de mieux comprendre la physiopathologie du TDAH et les liens entre attention, motivation et contrôle de l’interférence. Il a également permis de faire des hypothèses sur le rôle des interactions entre le cortex préfrontal et les ganglions de la base dans ces différents processus.

The attention deficit hyperactivity disorder (ADHD) is one of the most frequently diagnosed neurodevelopmental disorders in childhood and it often persists into adulthood. It is characterized by symptoms of inattention, impulsivity and hyperactivity which lead to great difficulties in school learnings and social and familial relationships. A deficit in interference control is frequently reported in ADHD and it has often been proposed that it is due to an inhibition deficit. However, the interference control involves at least two processes: the activation of an automatic response and its inhibition. At an experimental level, the interference control can be studied with the Simon reaction time task (Simon, 1969) known to generate a conflict between an automatic response and a goal directed response. Interpreted within the theoretical framework of the so-called « Dual-process activation suppression » model (Ridderinkhof, 2002), it offers a powerful conceptual and experimental tool to separately investigate the activation and inhibition of automatic responses. The first axis of my work was devoted to the study of the interference control abilities in adolescents with ADHD. The objective was to investigate the effect of 1/ ADHD, 2/ methylphenidate, 3/ a behavioral therapy centered on attentional processes and 4/ motivation on the interference control abilities of these adolescents. The second axis concerns the links between attention and inhibition. In this aim, I studied the inhibition abilities in healthy young adults under attentional restriction by using the dual-task paradigm. All the studies put together provided a better understanding of the ADHD physiopathology and of the links between attention, motivation and interference control. They also helped to refine hypotheses about the role of the interactions between prefrontal cortex and basal ganglia in these different processes.