Programme
* 12 février 2021: 14h-18h, MMSH, salle Germaine Tillon :
La Rose au Moyen Âge
Littérature, Histoire, Histoire de l'art
Fleur des fleurs, reine des fleurs, cultivée depuis l'Antiquité, recherchée pour ses vertus autant que pour sa beauté, elle orne au Moyen Âge les cloîtres des monastères comme les jardins des palais. Hildegarde de Bingen en recommande l'usage pour nettoyer les yeux et calmer la colère; Thibault IV de Champagne en rapporte d'Orient une espèce inconnue en France, la rose de Provins; les poètes d'Orient et d'Occident la chantent, liée au printemps, à l'amour, à la beauté; les romanciers en font l'objet d'une quête amoureuse, onirique et sensuelle. Leurs images et leurs mots vont marquer pour les siècles à venir le lyrisme amoureux et la construction de l'idéal féminin dans les imaginations. La rondeur de sa forme, l'incarnat ou la candeur de sa robe, l'intensité de son parfum en font une figure de la perfection, profane, érotisée par les poètes, ou sacrée, associée à la Vierge, rose sans épine. A la fin du Moyen Âge, la guerre des roses s'achève en bouquet, rose blanche des York et rose rouge des Lancastre unies dans la fleur rouge au cur blanc créée par Henry VII Tudor, emblème aujourd'hui encore de l'Angleterre. De l'union à la fusion, il n'y avait plus qu'un pas à franchir. Il ne le sera pas avant le XVIIIe siècle: Michel Pastoureau a montré qu'il faut attendre les Lumières pour que «la rose crée le rose'» (Le Rouge -Histoire d'une couleur, Paris, Seuils, 2019, Points Seuils, 2019 p.155). C'est à cette fleur, simple fleur mais prise au Moyen Âge dans un complexe réseau de sens que nous consacrerons un aprés-midi. Il était prévu l'année dernière pour le mois de mai, celui de la rose par excellence et il est finalement programmé cette année comme une annonce de la saint Valentin, rappel de ce que la littérature amoureuse lui doit.
Responsable de la séance: Valérie Naudet (AMU, CIELAM)
La rose dans l'encyclopédisme médiéval : l'exemple du Grant Herbier en françois, Valérie Gontéro-Lauze (AMU/CIELAM)
La rose dans le monde iranien: paradigme ancré et dilution référentielle, Yves Porter (AMU/LA3M/IUF)
* 26 mars 2021: 14h-18h, MMSH, salle Germaine Tillon
Écrire une biographie: un exercice impossible?
«Bien plus fragile qu'un objet archéologique que l'on parvient, le plus souvent, à reconstituer au moins en ses contours, à partir de quelques fragments, bien plus fragile, en effet, est un objet mental dont l'analyse a perdu la trace»: en conclusion d'un article de 1996 consacré à «la biographie impossible de Mahomet», Jacqueline Chabbi présentait la biographie comme un «objet mental» que l'historien, tel un archéologue, cherchait à reconstituer dans un défi presque impossible. Avait-elle à l'esprit qu'Arsenio Frugoni, dans la préface de son livre sur Arnaud de Brescia, avait abondamment usé de la métaphore archéologique reprochant aux tenants de la «méthode philologico-combinatoire» de reconstituer abusivement une «mosaïque» et présentant son uvre «comme l'un de ces fragments de sculpture antique, aux lignes pourtant (est-ce une illusion de ma part?) vigoureusement suggestives»? Dans les deux cas, le doute semble l'emporter sur la certitude et, vingt-cinq après la parution de cet article de Jacqueline Chabbi mais aussi du Saint Louis de Jacques Le Goff qui a redonné toutes ses lettres de noblesse à un genre longtemps méprisé des historiens universitaires, nous nous proposons dans cette séance de réfléchir à nouveau à la façon et à la possibilité d'écrire le récit d'une vie. Nous le ferons à partir de trois cas fort différents: Medhi Azaiez (UC Louvain) s'interrogera sur la possibilité d'écrire, à partir du Coran, des linéaments d'une vie de Muhammad; Elisabeth Malamut(AMU, LA3M) (sous réserve) nous parlera de son écriture de la vie d'Alexis Comnène ; Laure-Hélène Gouffran (TELEMMe, AMU) évoquera enfin le dédoublement archivistique de marchands marseillais des XIVe-XVe siècles.
Responsable de la séance: Emmanuel Bain (AMU, TELEMMe)
* 4 juin2021: 14h-18h, MMSH, salle Germaine Tillon
Carte blanche des doctorant(e)s médiévistes d'AMU. Cette séance de «carte blanche» offre l'opportunité aux doctorantes et doctorants médiévistes d'AMU d'organiser une après-midi d'échanges et de débats soit autour de leurs travaux en cours, soit autour de l'invitation d'un(e) intervenant(e) extérieur(e). La préparation de cette séance au cours du semestre est aussi l'occasion pour les doctorantes et doctorants médiévistes de se rencontrer et de mieux connaître leurs recherches et démarches respectives.
Responsable de la séance: Julien Loiseau (AMU, IREMAM)